Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

L.-A. LEPÈRE

303

Est-ce adiré que l’étude sur nature soit inutile? Non certes; c’est elle qui
procure l’élément de toute science ; c’est sur elle que l’on fait ses gammes ;
mais lorsqu’il s’agit d’un tableau, une étude ne suffit pas, il en faut plusieurs,
beaucoup ; on ne doit l’entreprendre que lorsqu'on le possède, lorsqu'on s’est
livré aux travaux préalables qui permettent de l’exécuter sans souffrance...»

Des distinctions si bien établies ne sembleront que plus judi-
cieuses et opportunes, en nos jours de fa presto, où le moyen se
trouve si souvent pris pour le but. Oui certes, à moins qu’elle

L’A II R EU VOIR PRÈS LE PONT-MARIE
Gravure sur bois de L.-A. Lcpèrc, d’après sou lablcau

n’émane d’un exceptionnel génie, synthétique par essence, l'ébau-
che rapidement enlevée ne saurait s’ériger en œuvre définitive et
complète; sa véritable portée est celle d’une préparation, d’un
exercice utile pour stimuler le jeu de l’organisme et meubler la
mémoire... La logique n’eût-elle pas prémuni Lepère contre le danger
d’une conception d'art bornée et singulièrement faciliste, il se fût
quand même déterminé à répudier, pour des raisons de métier, la
hâte des pratiques improvisées. Edifié par la diversité de ses entre-
prises sur les ressources particulières à chaque technique, il exige
de la peinture à l'huile le mystère du ton, la rareté et la profondeur
surtout; il convoite pour ses tableaux toutes les qualités que seule