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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 5
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Durand-Gréville, Émile: Rembrandt à Leyde, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0431

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408

GAZETTE. DES BEAUX-ARTS

table des ombres et des lumières, sont des choses indispensables
dans tout tableau de genre ou d’histoire ; mais il savait encore
mieux que le «je ne sais quoi » est la qualité essentielle; qu'avant
tout, dans un seul personnage, dans une simple tête, il faut cher-
cher la grande ligne par le dessin, la grande forme par le modelé.

Dans une ville comme Leyde, surtout en ce temps-là, les modèles
n’étaient pas nombreux. On acceptait ce qu’on trouvait, et l’on ne
trouvait pas toujours. Voilà pourquoi Rembrandt a pris tant de fois
son propre visage comme sujet d’étude. Puis venaient le père et la
mère, dont la complaisance était inépuisable ; parfois aussi, quoique
plus rarement, les frères et les sœurs. Les élèves s’asseyaient côte à
côte, copiant tous le même modèle. Le chef de l’atelier se faisait
élève comme les autres, — élève de la nature, qui est le maître
suprême, quoiqu’elle ait souvent besoin d'un truchement subtil
pour faire comprendre ses leçons. Il copiait avec amour les bonnes et
vénérables têtes de ses vieux parents, qui se retrouvent aujourd’hui
dans plusieurs musées et dont, malgré l’ardeur investigatrice de
M. Bode, quelques spécimens restent peut-être encore à découvrir.

Tel était le cas pour le petit tableau du Musée de Tours, que j’ai
eu l’occasion de signaler dans la Chronique des Arts{, mais qui méri-
tait d’être gravé, en raison du vif intérêt qui s’attache aux premiers
ouvrages d’un grand homme, de l’attrait irrésistible qui, en toutes
choses, tourne vers le mystère des origines toutes les forces de notre
curiosité.

Pendant l’automne de 1890, en parcourant le Musée de Tours,
je fus frappé par un petit panneau qui représentait, en buste, un
vieillard chauve à barbe rase, vêtu d’un manteau à collet de four-
rure, dont la tête se détachait sur un fond gris. Le catalogue
disait de ce tableau :

« Fin du xvinc siècle. Tête de vieillard; pastiche de Govaert
Flinck. Bois. Collection Schmidt. »

L’œuvre était pourtant plus intéressante que ne le pensaient les
rédacteurs du catalogue. Ce petit tableau de 0m16 sur 0m12, repré-
sentait un personnage dont les traits sont familiers à tous les rembra-
nisants, mais que l’on avait pris pour un vieux modèle quelconque
jusqu’au jour où M. Emile Michel, ayant aperçu, à Cassel, si je no
me trompe, deux portraits en pendants, par Gérard Dou, dont l’un
représentait la mère de Rembrandt, avait conclu avec certitude que 1

1. N0 du 27 décembre 1890,
 
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