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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 5
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Durand-Gréville, Émile: Rembrandt à Leyde, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0432

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REMBRANDT A1EYDE

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l’autre personnage, le vieillard chauve, le prétendu modèle, n’était
autre que le meunier de Leyde, le propre père du peintre.

Le petit tableau ne pouvait donc pas être un pastiche fabriqué
dans le courant du xvm° siècle. C’était un portrait exécuté pendant les
dernières années de la vie dn meunier. Par Govaert Flinck? Non, car
cet élève de Rembrandt n’avait que quatorze ans en 1030, date posté-
rieure à l’exécution de la peinture.

Du reste, quelques mois après, VInventaire des Richesses d’art de
la France modifiait les indications du précédent catalogue. Voici ce
qu’il disait :

« Vliet (Jan George van) [D’après]. —Vieillard chauve (fin du
xvmc siècle). Bois, h. 0m16,1. 0m12, fig. 0m135. Copie réduite du tableau
de Jan George van Vliet, de la collection Clarke de Feltre, qui est au
Musée de Nantes. »

Informé par le directeur du Musée de Tours des modifications
projetées pour le prochain catalogue, je ne me sentis pas convaincu,
car le petit portrait que j’avais sous les yeux n’avait aucun des
caractères d’une copie. On y retrouvait, au contraire, les qualités et
et les défauts qui marquent la première manière de Rembrandt.
Cependant, comme deux preuves valent mieux qu’une, je me rendis,
le lendemain même, à Nantes.

Rien ne vaut l’examen direct de deux ouvrages placés côte à
côte; à défaut, des photographies peuvent presque rendre le même
service. Mais le directeur du Musée de Nantes, qui fut d’ailleurs
l’obligeance même, m’apprit que le droit d’autoriser les reproduc-
tions de tableaux était réservé à une commission. Il fallait adresser
une demande écrite, sur laquelle la commission statuerait, lors de
sa prochaine réunion... Le temps pressait : je me contentai de
prendre du prétendu van Vliet un croquis soigné.

Les deux tableaux représentent le même personnage, dans la
même pose, mais non vu sous le même angle. Dans le tableau de
Tours, le bord de Toreillo du meunier est tangent à la silhouette de
son crâne fort peu chevelu ; dans celui de Nantes, l'oreille déborde
sur le crâne d’environ deux millimètres. Même chose pour la distance
de l’arête du nez à la joue droite. La question était tranchée : les deux
tableaux n’étaient pas des copies l’un de l’autre.

Maintenant, étaient-ils du même auteur? On parle beaucoup
d’introduire la méthode scientifique dans la critique et l’histoire de
l’art. A vrai dire, on a toujours appliqué cette méthode aux questions
d’art, le voulant ou non, le sachant ou non, puisque la méthode scien-

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