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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 5
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Durand-Gréville, Émile: Rembrandt à Leyde, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0433

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tifique n’est pas autre chose que l’art d’utiliser tous les moyens propres
à faire découvrir la vérité. Aujourd’hui, on commence à l’employer
plus consciemment et, par conséquent, avec plus de certitude dans les
résultats. Parmi les moyens dont elle permet de disposer, un des
moins discutables, à coup sûr, est la confrontation directe des œuvres
similaires, ou, au moins, celle des photographies des originaux, quand
ceux-ci sont inamovibles—à condition que les photographies soient ex-
cellentes et sans retouches. Aussitôt que la retouche intervient, ce n’est
plus une reproduction que l’on a sous les yeux, c’est une traduction.

Ne comparez pas! dit-on quelquefois, à propos d’œuvres d’art.

-— Comparez toujours ! dirons-nous, au contraire. Bien entendu,
c’est à la condition expresse que votre éducation artistique soit assez
complète pour motiver vos jugements.

Un ami nous montra, un jour, une peinture qui reproduisait,
sauf quelques légères variantes, un Léonard du Louvre, le Saint
Jean-Baptiste en buste. L’œuvre était belle, harmonieuse, mysté-
rieuse à souhait, très léonardesque au premier coup d’œil... Nous
aurions bien voulu qu’elle fût authentique. D’autre part, elle nous
inspirait des doutes très sérieux, que l’enthousiasme de notre ami —
un artiste de grand talent — nous empêchait de formuler avec
l’énergie voulue. L’idée nous vint de demander à M. le directeur
des Musées nationaux l’autorisation, qui fut gracieusement accordée,
de transporter au Louvre le panneau litigieux; dès le premier coup
d’œil, la question se trouva tranchée. C’était probablement, vu les
variantes, un original fait dans l'atelier du maître, d’après le modèle
féminin qui avait posé pour le Saint Jean ; mais c’était l’œuvre de
quelque élève secondaire. U y manquait seulement la miraculeuse
justesse de dessin, la fermeté marmoréenne et la vivante morbi-
desse qui caractérisent tous les ouvrages authentiques de Léonard...
Ceci avait tué cela. Tué, littéralement, —si bien que notre ami fut
lui-même absolument convaincu. La comparaison avec les Luini,
moins écrasante, ne fut pas moins décisive.

Nous n’avons pas pu faire la même chose pour les panneaux de
Tours et dé Nantes. Cependant, lorsqu'on a examiné très attentive-
ment deux tableaux, à vingt heures d’intervalle, en prenant des cro-
quis et des notes très précises pour obvier aux défaillances de la
mémoire, cela équivaut, dans une certaine mesure, à une confron-
tation directe. Voici quel est le résultat de notre examen. Les deux
tableaux ne sont pas des copies l’un de l’autre : ils ont l’air d’avoir
été faits par deux peintres assis côte à côte devant le même modèle,

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