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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 6
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Logan, Mary: Le triptyque attribué à Juste d'Allemagne au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0519

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LE TRIPTYQUE ATTRIBUÉ A JUSTE D'ALLEMAGNE 493

l'air ambiant si magiquement exprimé par le panneau qu’ils accom-
pagnent.

Mes premières visites à ce tableau furent souvent troublées par
l’obsédant problème de son état-civil. L’attribution à Juste d’Alle-
magne ne m’a pas satisfaite un seul instant, non plus qu’elle ne
semble s’être imposée aux conservateurs du Louvre qui, en plaçant
l’œuvre dans la salle de Sept Mètres, nous ont laissé entendre qu’ils
la jugeaient de provenance italienne. Je dois, il est vrai, avouer
qu’elle contient des éléments subtils et impondérables, mais impos-
sibles à nier, qui trahissent une influence septentrionale. D’un
autre côté, les analogies qu’elle présente avec la façon de Foppa et de
son élève fort distingué, Ambrogio Borgognone, sont trop évidentes
pour qu’elles puissent être mises en question, tandis que la teinte
argentée de l’ensemble et le type des personnages sont des signes
tout aussi caractéristiques de cette école. Les figures des saints,
considérés à pari, suffiraient déjà pour dénoncer un élève de Foppa;
comparez, par exemple, ces figures avec les volets du polyptyque
de Brera. Mais la ressemblance est encore plus frappante dans la
figure de l’ange. Nous ne la retrouverons que rarement, il est vrai,
dans les œuvres si peu nombreuses de Foppa (elle se rencontre dans
la Madone aux Anges de Brera, tableau où l’ange, placé à droite, est
identique à celui qui nous occupe, quant au type, à la construction
et la draperie, sinon quant à la pose); mais elle revient souvent dans
les peintures de Borgognone. Quelques exemples nous reviennent à
l’esprit : citons les anges volant autour de la croix, dans le Cruci-
fiement de la Chartreuse de Pavie (notez particulièrement la pose de
l’ange placé juste sous le bras gauche de la croix) ; l’ange de droite,
dans le panneau central du triptyque de la National Gallery (n° 1077);
et les anges du Saint mort, vénéré par les anges, appartenant à
M. Frizzoni; le type de la Madone elle-même, qui accuse une légère
inlluence du Nord, dérive du type de quelque Madone de Foppa,
telle que la Madone et les Anges de Brera, à laquelle nous avons
déjà remonté, les Madones de Berlin et du Musée municipal de
Milan, ou la Madone de l’intéressante collection de M. Frizzoni.

Pour toutes ces raisons, il était devenu évident à mes yeux que
le peintre du triptyque devait être recherché parmi les élèves de
F’oppa, parmi ceux du moins qui avaient subi l’influence des écoles
du Nord. Je pus même suivre de plus près sa trace; car, bien que son
style présente certaines analogies générales avec celui des peintres
du Piémont, il est visible que notre auteur n’est pas de ce pays : il a
 
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