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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 6
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Logan, Mary: Le triptyque attribué à Juste d'Allemagne au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0520

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

un sentiment plus délicat de la couleur et un instinct de la décora-
tion incomparablement plus grand. Pour être logique, j’aurais dû
conclure, par déduction, à localiser son origine en quelque point
situé au Sud du Piémont et cependant assez à l’Ouest pour expliquer
ses rapports avec les écoles non italiennes.

Mais, avant d’en arriver là, j’avais classé cette question d’attri-
bulion parmi les problèmes dont on abandonne la solution à quelque
heureux hasard. Chose étrange, cet heureux hasard s’est présenté.
Au cours d’un voyage dans le midi de la France, un polyptyque, fort
minutieusement peint, qui se trouve dans la célèbre église gothique
de Saint-Maximin, sans me faire connaître l'auteur du tableau du
Louvre, me révéla du moins qu’il y avait eu, précisément sur ce
point du globe, des artistes qui avaient ressenti en même temps l’in-
fluence de la Bourgogne et celle de l’Italie. Cette œuvre, datée de
1320, est d’un peintre provençal qui sut combiner, par proportions
presque égales, les éléments de l’art vénitien et ceux de l’art de son
propre pays. Dans les panneaux de moindres dimensions, il représente
des vues de Venise et de Rome, et, ce qui est bien plus important,
des épisodes entiers empruntés à Gentile Bellini et à Carpaccio. En
allant à Venise ou en en revenant, il paraît s’être arrêté à Vérone, car
le saint Jean, dans son Crucifiement, rappelle le style de Girolamo
dai Libri.

Cette rencontre raviva mon espérance de découvrir un jour,
quelque part dans le pays, l’artiste qui peignit le triptyque du Louvre.
Et mon espérance se réalisa beaucoup plus tôt que je ne l’aurais cru.
En m’arrêtant à Savone, pour voir le fameux polyptyque de Vincenzo
Foppa, le premier tableau qui frappa mes yeux, à la cathédrale, fut
un retable dans lequel chaque détail affirmait une identité avec le
triptyque du Louvre. Ce retable est signé ludovicus brea de nizza, et
daté de 1493. Il représente XAssomption delà Vierge, avec des saints
et des donateurs. On dirait, à première vue, que c’est la même
Madone, entourée des mêmes saints que dans le triptyque du Louvre.
La Vierge est vêtue de la même étoffe dorée, qui retombe en petits
plis ondulés; le ton général est d’une harmonie d’argent et d’or
adouci; les types décèlent la même affinité avec Foppa et la même
part d’intluence venue du Nord — types flamands, modifiés par les
artistes bourguignons et entés sur le type populaire de l’Italie septen-
trionale. Le retable de Savone, en tant que morceau décoratif, est,
il est vrai, moins réussi que son frère du Louvre ; mais on y reconnaît
néanmoins partout, cette préoccupation absorbante et unique de
 
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