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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 1
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Stryienski, Casimir: Marie-Josèphe de Saxe, Dauphine et ses peintres, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

louant ses qualités morales. Sa figure « annonçait le désir de plaire » ;
dans son regard touchant et expressif se lisait tout son bonheur
lorsque, la veille du mariage, elle fut présentée, à Choisy, aux
princes et princesses du sang et à Mme de Pompadour. Les dames
qui étaient venues avec elle de Strasbourg, où avait eu lieu la
« remise », la jugeaient parfaite et disaient que tout ce qu’il y avait
à espérer, c’est qu’elle ne se gâtât point en France.

Malgré tout, le visage de la nouvelle Dauphine n’était point
désagréable ; de grands yeux bleus bien fendus, un nez un peu fort,
de grosses lèvres fraîches, des cheveux d’une belle couleur blonde
formaient un ensemble qui « pouvait faire tourner la tête ». Le teint,
clair et beau, ne comptait point, caché qu’il était sous la couche de
rouge dont les femmes se barbouillaient1 alors outrageusement. Sa
taille était fine, son port noble., son maintien tout à fait avenant.

Le duc de Croy dit que Marie-Josèphe était un « joli laideron » ;
le mot semble très juste, les légères imperfections étant amplement
rachetées par des yeux intelligents et par la douceur exquise qui se

Dauphin, le 9 février 1747. Le cadre est formé par des entrelacements d'Amours
qui folâtrent au milieu de guirlandes de roses, de nuages et d’instruments de
musique. A ce mariage se rattache la publication d’un superbe album in-folio
intitulé : Fête publique donnée par la Ville de Paris. L’ouvrage comprend un titre
orné, un frontispice allégorique dessiné par Slodtz et gravé par Flipart, et
Irois planches, représentant la marche du cortège et les chars, gravées par
A. Benoist, Le Mire et Tardieu, d’après les dessins de François Blondel, archi-
tecte du roi.

Les manifestations artistiques de Dresde se réduisirent à peu de chose :
quelques services de Meissen dont il existe plusieurs spécimens dans les collec-
tions royales, et un petit panneau à l’huile d’un peintre aujourd’hui fort ignoré,
Georges Dathan (Galerie de Dresde, n° 2101) ; ce panneau est une allégorie un peu
lourde et un peu gauche, où l'on voit une princesse vêtue à l’antique auprès d’une
statue de Dallas; deux personnages l'entourent, l’un lui offre une chaîne, mono-
grammée de L (Louis) et de M. J. (Marie-Josèphe), l’autre lui présente une clef;
à ses pieds, trois enfants nus portent des branches de lauriers. Cette composition
est traitée à la façon mièvre des Hollandais de la décadence.

1. En 1766, après la mort de son mari, la Dauphine renoncera au fard et dira
elle-même : « Je me suis débarbouillée. »

A ce propos, Mariette (Abecedario) raconte que, lorsque Greuze eut terminé
le portrait du Dauphin, celui-ci demanda au peintre de faire le portrait de la
Dauphine ; Greuze répliqua, devant Marie-Josèphe, qu’il le priait de l'en dispenser,
parce qu'il ne savait pas peindre de pareilles têtes, faisant allusion au rouge dont le
visage de la princesse était couvert. Mariette a bien raison de dire que Greuze
était brutal comme un savetier. Le portrait du Dauphin fut exposé au Salon
de 1761.
 
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