MÀRIE-JOSÈPHE DE SAXE, DAUPHINE, ET SES PEINTRES
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dégageait de toute sa personne. Le duc de Richelieu, qui avait été
chercher la jeune princesse à Dresde, la prisa, à sa manière, en
déclarant que s’il y avait de pareilles femmes à l’Opéra, « il y aurait
presse à l’enchère ». « Elle n’est point belle, écrivait enfin le mar-
quis des Issarts, ambassadeur de France à la cour d’Auguste III,
mais j’ose dire que je serais fâché qu’elle le fût davantage, si elle
devait l’être aux dépens des grâces qui sont en elle. »
Marie-Josèphe avait reçu une excellente éducation; son esprit
« était orné », et à cet acquis se joignaient une gaieté naturelle,
beaucoup de pénétration et de bon sens. Une chanson de 1747 résume
galamment l’opinion qu’on s’était faite de la Dauphine :
Son plaisir est de rendre heureux
Tout ce qui l’avoisine ;
Quel regard ! quel air gracieux !
Non, l’admirable Cyprine
N’a jamais eu de si beaux yeux
Que la Dauphine !
Quand elle chante, que sa voix
Est flatteuse, argentine!
Le clavier charme sous ses doigts ;
Danse grave ou badine
Font voir les grâces sous les lois
De la Dauphine !
Trois langues qu’elle sait aussi,
Sans compter la latine,
Nous font connaître qu’aujourd’hui
Le savoir de Christine 1
Se trouve à quinze ans et demi
Chez la Dauphine !2
Elevée au milieu des splendeurs artistiques de Dresde, Marie-
Josèphe, semble-t-il, s’était formé un goût très délicat. C’était un
peu avant son départ que son père avait fait d’importantes acqui-
sitions pour sa galerie de tableaux ; il avait acheté, en 1746, au
prix de cent mille sequins d’or, une partie de la magnifique collec-
tion du duc François III de Modène ; ces chefs-d’œuvre, qui sont
1. Christine de Suède.
2. Bibliothèque Nationale, 12650, f° 127. Recueil manuscrit de Maurepas.
Chanson sur l’air : A la Voisine (mai 1747).
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dégageait de toute sa personne. Le duc de Richelieu, qui avait été
chercher la jeune princesse à Dresde, la prisa, à sa manière, en
déclarant que s’il y avait de pareilles femmes à l’Opéra, « il y aurait
presse à l’enchère ». « Elle n’est point belle, écrivait enfin le mar-
quis des Issarts, ambassadeur de France à la cour d’Auguste III,
mais j’ose dire que je serais fâché qu’elle le fût davantage, si elle
devait l’être aux dépens des grâces qui sont en elle. »
Marie-Josèphe avait reçu une excellente éducation; son esprit
« était orné », et à cet acquis se joignaient une gaieté naturelle,
beaucoup de pénétration et de bon sens. Une chanson de 1747 résume
galamment l’opinion qu’on s’était faite de la Dauphine :
Son plaisir est de rendre heureux
Tout ce qui l’avoisine ;
Quel regard ! quel air gracieux !
Non, l’admirable Cyprine
N’a jamais eu de si beaux yeux
Que la Dauphine !
Quand elle chante, que sa voix
Est flatteuse, argentine!
Le clavier charme sous ses doigts ;
Danse grave ou badine
Font voir les grâces sous les lois
De la Dauphine !
Trois langues qu’elle sait aussi,
Sans compter la latine,
Nous font connaître qu’aujourd’hui
Le savoir de Christine 1
Se trouve à quinze ans et demi
Chez la Dauphine !2
Elevée au milieu des splendeurs artistiques de Dresde, Marie-
Josèphe, semble-t-il, s’était formé un goût très délicat. C’était un
peu avant son départ que son père avait fait d’importantes acqui-
sitions pour sa galerie de tableaux ; il avait acheté, en 1746, au
prix de cent mille sequins d’or, une partie de la magnifique collec-
tion du duc François III de Modène ; ces chefs-d’œuvre, qui sont
1. Christine de Suède.
2. Bibliothèque Nationale, 12650, f° 127. Recueil manuscrit de Maurepas.
Chanson sur l’air : A la Voisine (mai 1747).