LES FOUILLES DE SUSE
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cette conclusion préliminaire ; les résultats ultérieurs des fouilles
pourront la modifier; mais actuellement, le fait est patent et, s’il
doit subsister, il trouvera une explication dans les conditions mêmes
où s’est développée la vie sociale de l'Elam U
Pour résumer les résultats historiques et artistiques de la
mission, je me servirai surtout des deux brochures que M. de Mor-
gan a eu la bonne idée de faire mettre en vente dans les salles
mêmes de l’exposition. L’une, intitulée : La Délégation en Perse,
1897 à 1902, est un compte rendu général sur les préliminaires et
sur les différentes phases des fouilles. L’autre, Y Histoire de l'Elam,
énumère les documents historiques nouvellement découverts Paris,
Leroux, 1902) 2.
Certaines tablettes de terre cuite à inscriptions de forme hiéro-
glyphique, encore indéchiffrables, seraient, d’après les observations
du R. P. Scheil, les représentants de la période la plus ancienne, déjà
antérieure à l’an 1000. Dès son séjour en Egypte, M. de Morgan s'était
fait le défenseur de la théorie qui voit dans les premiers occupants
de la vallée du Nil un groupe d’émigrants asiatiques3. La haute anti-
quité des couches élamites lui paraît venir à l’appui de cette opinion.
« Les couches situées à quinze mètres de profondeur, dit-il, remon-
teraient à 6000 ans. Que devons-nous penser de l’antiquité des
niveaux inférieurs, situés à vingt mètres au-dessous des couches à
tablettes archaïques? »
En tout cas, nous constatons l'existence d'une société très civi-
lisée et fortement constituée, entre le quatrième et le troisième millé-
naire. Un admirable obélisque en dacite nous retrace un contrat de
vente, dans lequel figurait un roi de Kich, Manichtousou, comme
partie contractante : il y est fait allusion à la condition des serfs,
1. Un autre fait vient à l'appui du précédent : les textes en langue anzanite,
c’est-à-dire indigène, sont moins nombreux et moins importants, jusqu’à pré-
sent, que les textes en langue sémitique.
2. Cette histoire de l’Elam a été résumée dans un article de la Revue archéolo-
gique, mars 1902, p. 149 et suiv. Pour de plus amples informations, je renvoie le
lecteur aux deux grands ouvrages publiés par M. de Morgan et ses collaborateurs :
10 Mission scientifique en Verse, 4 volumes (Paris, Leroux, 1894 à 1897); 2° Délé-
qation en Verse, 3 volumes parus (Paris, Leroux, 1900 et 1901'; d’autres fasci-
cules sont en préparation.
3. J. de Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, 1896.
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cette conclusion préliminaire ; les résultats ultérieurs des fouilles
pourront la modifier; mais actuellement, le fait est patent et, s’il
doit subsister, il trouvera une explication dans les conditions mêmes
où s’est développée la vie sociale de l'Elam U
Pour résumer les résultats historiques et artistiques de la
mission, je me servirai surtout des deux brochures que M. de Mor-
gan a eu la bonne idée de faire mettre en vente dans les salles
mêmes de l’exposition. L’une, intitulée : La Délégation en Perse,
1897 à 1902, est un compte rendu général sur les préliminaires et
sur les différentes phases des fouilles. L’autre, Y Histoire de l'Elam,
énumère les documents historiques nouvellement découverts Paris,
Leroux, 1902) 2.
Certaines tablettes de terre cuite à inscriptions de forme hiéro-
glyphique, encore indéchiffrables, seraient, d’après les observations
du R. P. Scheil, les représentants de la période la plus ancienne, déjà
antérieure à l’an 1000. Dès son séjour en Egypte, M. de Morgan s'était
fait le défenseur de la théorie qui voit dans les premiers occupants
de la vallée du Nil un groupe d’émigrants asiatiques3. La haute anti-
quité des couches élamites lui paraît venir à l’appui de cette opinion.
« Les couches situées à quinze mètres de profondeur, dit-il, remon-
teraient à 6000 ans. Que devons-nous penser de l’antiquité des
niveaux inférieurs, situés à vingt mètres au-dessous des couches à
tablettes archaïques? »
En tout cas, nous constatons l'existence d'une société très civi-
lisée et fortement constituée, entre le quatrième et le troisième millé-
naire. Un admirable obélisque en dacite nous retrace un contrat de
vente, dans lequel figurait un roi de Kich, Manichtousou, comme
partie contractante : il y est fait allusion à la condition des serfs,
1. Un autre fait vient à l'appui du précédent : les textes en langue anzanite,
c’est-à-dire indigène, sont moins nombreux et moins importants, jusqu’à pré-
sent, que les textes en langue sémitique.
2. Cette histoire de l’Elam a été résumée dans un article de la Revue archéolo-
gique, mars 1902, p. 149 et suiv. Pour de plus amples informations, je renvoie le
lecteur aux deux grands ouvrages publiés par M. de Morgan et ses collaborateurs :
10 Mission scientifique en Verse, 4 volumes (Paris, Leroux, 1894 à 1897); 2° Délé-
qation en Verse, 3 volumes parus (Paris, Leroux, 1900 et 1901'; d’autres fasci-
cules sont en préparation.
3. J. de Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, 1896.