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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Marcel, Henry: Les Salons de 1902, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0071

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LES SALONS DE 1902

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porté tous ses fruits, par suite du privilège des hors concours et des
exempts, — un relèvement appréciable s’est produit dans la moyenne
des ouvrages exposés ; ceux-ci, en outre, plus au large sur les parois
désencombrées, ont pu s’espacer à l’aise et descendre, sans exception,
à portée de l’œil.

Mais si ces dispositions intelligentes ont agréablement modilié
l’aspect d’ensemble, le caractère dominant reste néanmoins le même.
A la Société Nationale, les peintres, préservés de la faveur des foules,
affranchis de la préoccupation du sujet, pouvaient s’attarder en toute
liberté à des recherches de facture, s’abandonner aux séductions de
la lumière et aux griseries de la couleur. De là ce Salon de petites
choses inquiètement, amoureusement réalisées par eux, sans autre
souci que de se satisfaire. Ici les visées — le mot d’idéal serait bien
gros — sont tout autres. C’est le public qui donne le ton et impose
ses goûts, et comme on le sait sensible au faste décoratif, aux évoca-
tions patriotiques, aux faits divers de l’histoire, aux gentillesses
anecdotiques, on lui fait bonne mesure de ses plats favoris. Les
raffinements techniques passent donc au second plan, tandis que
les cadres s’élargissent, que les toiles se peuplent, qu’elles affectent
des enluminures voyantes d’affiches. Aussi, dans la rapide revue
que je vais passer des œuvres exposées, les observations de « métier »
proprement dit se feront-elles plus rares, pour laisser place à l’ana-
lyse des intentions de leurs auteurs, à Ja discussion de leur véracité
de narrateurs ou de leurs aptitudes de machinistes. Il n’y aura pas
de ma faute si je me trouve, dès lors, parfois conduit à franchir les
bornes de la critique d'art et à m’aventurer sur tel terrain moins
familier et plus hasardeux.

LA FICTION, LA LÉGENDE, l’uISTOIRE, LA DÉCORATION

Ce m’est une vraie satisfaction d’avoir à louer pleinement
II. Détaillé. Trop fidèle à la tradition d’H. Vernet, de Pils et de son
maître Meissonier, peu attentif au mouvement d’art qui se faisait
autour de lui, il nous a longtemps chagrinés par son indifférence
pour la loi des sacrifices, comme pour les questions d’éclairage et
d’enveloppe. Ses qualités de clarté, de précision, l’inclinaient aux pro-
cès-verbaux minutieux, aux scrupuleux inventaires, mais la poésie de
l’histoire, la folie du drame, se glaçaient dans une exécution trop dé-
taillée et trop égale, ignorant les grands partis pris et annihilant l'effet
à force de l’éparpiller. Déjà pourtant son portrait équestre du prince
 
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