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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 1
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Marcel, Henry: Les Salons de 1902, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0072

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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de Galles avait annoncé quelque préoccupation de la lumière; elle
règne aujourd’hui en maîtresse dans les deux compositions destinées
à 1 Hôtel de ville de Paris : Y Enrôlement des volontaires en 17912, la
Réception des troupes revenant de Pologne en 1807. Je ne décrirai pas
ces vastes pages, dont tout le monde a des reproductions sous les
yeux ; mais si la gaieté, le mouvement, la lièvre y respirent, si l'on
s’y sent transporté en pleine exaltation héroïque, nul doute qu’on ne
le doive pas seulement à l’extrême ingéniosité de la présentation et
à l’heureux choix des épisodes, mais à celte atmosphère qui baigne
et harmonise tout, charriant, du même train que les nuages, les
fumées, les clameurs, les détonations et les musiques. L’exécution
a également beaucoup gagné en ampleur, car les deux choses se
tiennent étroitement, et l’impression d’humanité s’est accrue paral-
lèlement à l’intérêt du milieu ambiant. Noterai-je maintenant, dans
le tableau des Volontaires, la bigarrure ensoleillée des jolies maisons
de briques qui précèdent la place Dauphine, le groupe pittoresque
et quasi symbolique des ouvriers perchés, parmi les échafaudages,
sur le piédestal vide du Bon Roy, qu’entourent des piquiers en car-
magnoles, et la joyeuse émulation des canonniers et des tambours
à précipiter « les mouvements du patriotisme » par un irrésistible
tintamarre?Mais il restait encore çà et là, dans les personnages qui
s’agitent sur Lestrade officielle, des mollesses et des à peu près. La
Réception à la Yillcttc l’emporte sur son vis-à-vis par la largeur et
la fermeté du style. Le ciel roule, plein de rafales, au-dessus de la
terre couverte de neige, tordant les arbres dépouillés, froissant les
manteaux de velours de la délégation municipale conduite par
Frochot; sur ce fond brouillé, les arcs de triomphe cantonnés de
statues, la rotonde massive de Ledoulx, s’enlèvent en vigueurs, et
tandis que les uniformes et les drapeaux jalonnent la route de leurs
taches vives, les choristes des tribunes, joliment caricaturales, les
déchargeurs du port juchés sur un fronton, la foule bourgeoise gesti-
culante et délirante, opposent à l’immobile dignité des troupes l’ani-
mation et la brisure de leurs lignes. Spectacle élégant, martial,
comme il en faut de temps à autre aux Français, pour tromper un
instant leur besoin d’action et leur soif de gloire.

C’est tout ensemble un maître considérable et souverainement
intéressant que M. J.-P. Laurens; si chargée d’œuvres et d’honneurs
que soit sa carrière, il ne se sent point fatigué et ne se tient pas
satisfait. De là ces incursions dans le paysage, comme son admirable
Lauraguais d’il y a cinq ans, ou dans une sorte d’impressionnisme
 
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