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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Marcel, Henry: Les Salons de 1902, 3
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LES SALONS DE 1902

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silencieuse et d’un « rio » clandestin. L’ensemble nage dans une jolie
tonalité vert d’eau, relevée dénotés blondes, mais les architectures
manquent d’assiette et de solidité, la perspective est contestable, et
l’œuvre pèche par l’absence de parti pris, ne nous offrant ni une
réalité assez caractérisée, ni une transposition délibérément
poétique.

Dans un cadre infiniment moins pittoresque, c’est encore une
nature remaniée, façonnée par l'homme à son usage, que nous pré-
sente M. Le Poitevin dans les Hauteurs de Clachaloze, défrichées,
ameublies, plantées par bandes régulières, et arrondissant leurs
éminences nourricières comme de colossales mamelles; le rapport,
plus indirect et plus subtil, dans le tableau de M. Boggio : La neige
est triste, n’en est pas moins perceptible ; je le formulerais comme un
adieu sympathique de ces maisonnettes et de ces enclos coiffés de
Idanc à l’humble mort qui chemine, à leur pieds, vers le champ de
repos, avec la débandade de son cortège.

M. Harpignies, par le savant équilibre de ses masses, la tenue
do sa coloration un peu abstraite, demeure le représentant type du
paysage stylisé; M. Dambéza, dans Le Passeur et Au soir, imite, en
l’assouplissant, sa manière; il en est de même de M. Gosselin,
dont le Soir au bord de l’Eure et Un Etang en Bretagne sont d’un
sentiment large et ému; mais la ressemblance saute parfois une
génération, et c’est chez une élève de ce dernier, Mme Jacques Marie,
(Clair de lune à Pont-de-l’Arche) que la tradition du chef de fi le se
trouve le plus fidèlement et le plus poétiquement incarnée. M. Ha-
reux, l’ami des nuits transparentes, peut être rattaché à ce groupe
pour sa préoccupation des silhouettes; un Bordelais, M. Calvé, s’y
inscrit, avec un effet de matin sur une lande pierreuse tachetée de
bruyères rougeâtres, d’une vigueur âpre et mordante. Enfin, M. De-
mont, dans son Soir orageux d’arrière- saison et sa Tempête de neige,
manifeste une fois de plus son amour des vastes horizons, des grands
mouvements de terrain, et son adresse à dramatiser un site. Il a,
en M1,e Yalentine Pêpe, une élève bien intelligente.

La vie de la mer a en M. Ravanne un peintre attentif, épris des
belles notes azurées à la Henry Moore; son Confluent de la Nice et de
l’Adour, à Bayonne, frissonne à souhait sous la lumière matinale.
M. Bigolot choisit avec soin ses motifs, ses plans sont bien établis,
ses lointains savamment dégradés; un excès de détails l’induit par-
fois en sécheresse ; sa Vue d'El-Kantara et les deux pastels du Sud
algérien, celui où des bestiaux boivent dans des eaux d’émeraude
 
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