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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 3
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Modern, Heinrich: Les peintures de Tiepolo à la villa Girola, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0263

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LES PEINTURES DE TIEPOLO A LA VILLA GIROLA 241

somme de six mille ducats à la confrérie délia Pietà ; des com-
mandes grassement payées l’attendaient aussi à Venise. Pourquoi
rester en Espagne, où il avait à lutter avec le confesseur du roi et avec
Mengs, son rival, que le roi favorisait? C’est qu’il y était avec Christine.

Christine a servi de modèle à Tiepolo plus d’un quart de siècle.
En des œuvres immortelles, il a peint les beautés de son corps et
immortalisé ainsi la simple fille d’un gondolier vénitien. Cette
fille bien faite, au visage fin et délicat, que nous voyons à l’église
des Jésuites, dans le cycle dés éléments, dans les fresques du palais
Clerici et dans l’étude assez contemporaine que nous avons trouvée
dans l'album de l’artiste au Musée civique de Venise1, se trans-
forme avec les années : les peintures de la Scuola dei Carmini à Venise,
les fresques de Wurzbourg et du palais llezzonico, marquent ces
étapes; au palais Labia, dont les fresques furent peintes en 1757 et
non, comme on le prétend généralement, vers 1740, c’est une femme
à la taille riche et opulente; dans les fresques de la salle du Trône,
à Madrid, elle a déjà la chair grasse d’une femme vieillissante.

Le cycle des éléments n’a été peint qu’après les fresques de la
villa Valmarana. Les plafonds de l’église des Jésuites furent exé-
cutés entre février 1738 et octobre 1730. Dans ces fresques, Christine
apparaît pour la première fois. Le plafond du palais Clerici, qui se
rapproche tant par scs lignes et ses sujets du cycle des éléments, est
achevé en 1740. Ce cycle a dû être peint entre 1738 et 1740. Le com-
mencement de la lettre de Tiepolo de l’an 1764 : « Molti anni sono...»,
s’accorde avec celte hypothèse : plus de vingt ans s’étaient écoulés
depuis que Tiepolo avait peint le cycle en question; dans l’Espagne
lointaine, l’artiste se souvient du Triomphe <TAmphitrite, de cette
peinture du printemps de sa vie. Soit qu’il eût changé d’idée, soit
qu’il n’eût pas reçu le dessin demandé, Tiepolo ne reprit pas ce
sujet en Espagne. Des tableaux d’autel pour le nouveau couvent de
Saint-Pascal à Aranjuez, et pour l’église de ce couvent, tableaux
dont le confesseur du roi concevait les sujets, furent les travaux
tardifs du maître. Dans les dernières semaines de sa vie, il peignit
Saint Diego vénérant l'Eucharistie. Ce fut la dernière œuvre de celui
qui avait été l’un des plus grands peintres de tous les temps, poète
par la composition, maître par le dessin, souverain dans le domaine
du coloris, magicien de la lumière.

HEINRICH MODERA

i. Reproduite dans notre premier article.

XXVIII. — 3e PÉRIODE.

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