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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 3
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Denoinville, Georges: Edme Saint-Marcel, 1: peintre, graveur et dessinateur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0265

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EDME SAINT-MARCEL

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médicales et lui céder la direction de son établissement, il n’opposa
cependant aucun obstacle à satisfaire les désirs de son fils, qui rêvait
surtout d’être peintre.

Ses débuts dans cette carrière libérale, tenue alors en médiocre
honneur par les bourgeois, qui la considéraient comme un métier
trop aventureux et peu digne pour leurs fils, ne se heurtèrent donc
pas aux mêmes difficultés qu'éprouva Corot quand il manifesta à son
père des intentions semblables. Que les temps ont changé !

Bien recommandé, pourvu d’une pension suffisante, Edme
Saint-Marcel entra d’abord à l’atelier de Steuben, un de ces peintres
de l’époque impériale dont on retrouve des plafonds au Louvre, à
coté de ceux de Blondel et d’Abel de Pujol.

Mais il y fit un séjour insignifiant et devint élève de Caruel
d’Aligny, le paysagiste classique, aux qualités duquel Thoré, qui
n’aimait pas sa peinture sèche, rendait cependant justice1 : « Aligny a
fait des dessins du plus haut style et d’une noble élégance ; il cherche
la grandeur dans la simplicité. »

Saint-Marcel fréquenta ensuite l’atelier de Léon Cogniet, lequel
lui apprit vraisemblablement à dessiner la figure2, et paraît enfin
avoir été surtout l’élève et le disciple d’Eugène Delacroix.

D’aucuns lui contestent ce titre, cependant que tout s'accorde à
prouver, en réalité, que Delacroix affectionna ce jeune homme de
moitié moins âgé que lui. Ensemble, ils voyagèrent dans les Pyré-
nées, et Saint-Marcel, qui avait voué à Delacroix une admiration
fervente dont son œuvre fournit tant de preuves notoires, raconta
au graveur Primaire, de qui je tiens l’anecdote, que, au cours d’une
de leurs promenades, le pied manqua à Delacroix tout près d’un
précipice et que, sans lui, Saint-Marcel, qui avait pu le retenir à
temps, Delacroix eût infailliblement roulé au fond de l'abîme.

« A cet instant, ajoutait Saint-Marcel, Delacroix se tourna brus-
quement vers moi, et je crus voir luire, dans l’expression de son
regard effaré, comme l’éclair rapide d'un soupçon à mon adresse,
né de l’imminence même du danger auquel il avait échappé par
miracle. «

1. Dans son Salon de 1855, E. Eoudun terminait un article élogieux de
VAcropole d'Athènes d’Aligny, par ces mots : « La beauté du style est ici, comme
dans toutes les œuvres de M. Aligny, portée jusqu’à l'idéal. »

2. M. Bonnat possède un remarquable dessin de jeune garçon à la sanguine,
daté de 1865, qui donne à penser qu’Edme Saint-Marcel eût pu devenir un maître
également en ce genre.
 
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