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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 3
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Denoinville, Georges: Edme Saint-Marcel, 1: peintre, graveur et dessinateur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0266

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244

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Cet incident n’est d’ailleurs aucunement relaté dans le Journal
de Delacroix, et si danger il y eut vraiment, Saint-Marcel a pu s’en
exagérer considérablement la nature, ou être le jouet d’une de ces
hallucinations coutumières aux cerveaux un peu exaltés comme le
sien.

Ce qui reste de sérieux et de convaincant, c’est la mention du
Journal de Delacroix, relatant, à la date du 29 juin 1847, une visite
de Saint-Marcel, en cette remarque brève : « Saint-Marcel venu dans
la journée. » Et la note à l’appui de M. Paul Fiat, à qui l’on doit la
publication et la réunion de tous les paragraphes de ce Journal :
« Saint-Marcel, un des élèves de Delacroix, qui fréquentait son
atelier. Delacroix lui a emprunté parfois des études de figures d’après
nature, pour les dessiner à son tour suivant son propre sentiment. »
Une autre confirmation nous est fournie par Philippe Burty :
« Delacroix avait ouvert, rue Neuve-Guillemin, un atelier. Parmi
les élèves s’y rendaient : Joly Grandgador, Desbordes-Valmore,
Saint-Marcel, Maurice Sand, Andrieu, Eugène Lambert, Lassalle,
Gautheron, Leygue, Th. Véron, Fcrrussac... »

Faut-il aussi accepter à la lettre cette supposition que j’ai
recueillie, sans ajouter d’autre importance à des bruits vagues, comme
le sont toutes ces légendes qui s’emparent des hommes après la
mort et nous abusent trop souvent sur leur compte : Delacroix,
paraît-il, aurait, à plusieurs reprises, conseillé à Saint-Marcel de
venir travailler à Paris, de quitter sa forêt ; aussi bien, Saint-Marcel
avait pensé à consacrer sa vie à graver à l’eau-forte l’œuvre de
Delacroix, et qui l’aurait encouragé à le faire ?...

De tous ces racontars, il faut en prendre et en laisser. Mais il
est indéniable que l’influence de Delacroix sur l’œuvre de Saint-
Marcel fut décisive, comme nous le verrons par la suite, et qu’elle
permit qu’on les confondît bien des fois l’un l’autre, puisque parfois
l’on attribue ce qui est de Delacroix à Saint-Marcel, et vice versa.

Ainsi donc, leur liaison fut sérieuse et continue. Un portrait
superbe, à l’encre de Chine, de Delacroix par Saint-Marcel, prove-
nant de la collection de M. Bonnat et que nous reproduirons, un
Delacroix tout près de la quarantaine, sévère, hautain, l’œil profond
et observateur, démontre assez péremptoirement, non moins que le
dessin de jeune garçon à la sanguine précité, quel peintre de por-
traits Saint-Marcel aurait fait, s’il n’avait embrassé le genre du
paysage, et rien ne dément alors que Delacroix n’eut cherché à le
détourner de cette seconde voie pour lui voir de préférence choisir
 
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