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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 4
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Guiffrey, Jules: L' exposition des gobelins au Grand Palais: troisième centenaire de la fondation de la manufacture des Gobelins (1601-1901)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0303

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

signées du nom de Boucher sortent-elles de l’atelier de Beauvais,
comme l’a montré récemment la publication, dans une grande revue
illustrée, d’une série de tentures de notre artiste, empruntées aux
collections de Stockholm, de Budapest, de Rome et de Coblentz.

U Ri stoire d'Esther passe avec raison pour un des chefs-d’œuvre
de l’art décoratif au xviiù siècle. Elle fait grand honneur à Jean-
Baptiste de Troy, qui la termina lorsqu’il était directeur de l’Aca-
démie de Rome, c’est-à-dire après 1740. Le succès de cette suite fut
immense; on la recopia jusqu’à douze ou treize fois et elle était encore
sur le métier en pleine période révolutionnaire. On a eu la bonne
fortune de pouvoir présenter une série complète, composée presque
exclusivement d’exemplaires de choix. Cette collection était récem-
ment installée au palais de Compicgne, dans les appartements
occupés par le Président de la République. Elle a été déplacée pour
recevoir aux Gobelins les soins que son état rendait indispensables.
Aussi paraît-elle ici avec un éclat exceptionnel. Une pièce double a
servi à rendre sensibles les procédés qu’on employait jadis pour
accommoder le même sujet à des usages différents : le Festin
d’Assiiénts fut divisé en deux panneaux, destinés à trouver place
des deux côtés d’une alcôve dans la chambre de la Dauphine. On
peut se rendre compte, par la comparaison de la pièce entière et du
sujet divisé en deux tableaux, des modifications introduites dans les
accessoires, afin de ne pas rendre cette division trop choquante.

Sept des pièces exposées portent la signature d’Audran ; le même
nom se lit au bas des sujets d’Esther, placés dans le musée des
tapisseries à Florence, où ils produisent un si grand effet. Si on
compare les tentures sorties de cet atelier aux tapisseries qui portent
les noms de Monmerqué et de Cozette, leur supériorité incontestable
saute aux yeux. Les œuvres d’Audran sont autrement délicates,
autrement transparentes que celles de ses rivaux; les couleurs de
Monmerqué, à côté des siennes, paraissent lourdes et noires. Ainsi
le bon tapissier sait se montrer artiste dans son travail, tout en
respectant le caractère du modèle. La tapisserie ne doit pas, ne peut
pas être une copie servile, on ne saurait trop le redire ; le tapissier
interprète et rend, par des procédés spéciaux, le sentiment, la ligne,
la couleur du modèle peint, et c’est pourquoi il a le droit de reven-
diquer, lui aussi, la qualité d’artiste.

Que l’exposition de tapisseries, destinée à commémorer le
troisième centenaire de l’établissement des Gobelins, ait obtenu un
vit succès dans la presse comme auprès du public, c’est un fait admis.
 
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