DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Nolhac, Pierre de: Le Versailles de Mansart, 5
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0358
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
gnifique, pour les spectacles de l’Opéra1)). Ce n’est qu’à la lin du
règne de Louis XV que Gabriel réalisera, selon l’idéal d’un siècle
nouveau, cette pensée des architectes de Louis XIV.
La nouvelle Grande Aile apporte au service de la Cour une
quantité d’appartements nouveaux dont le Loi a fixé à l’avance la
disposition et choisi sans doule les heureux destinataires. Il devait
y en avoir d’abord quarante-quatre ; Dangeau raconte, le 3 avril 1G85,
comment Mansart dut, au pied levé, en modifier le nombre : « Le
Roi nous conta à son coucher que Mansart lui avait apporté hier le
dessin et la distribution de tous les appartements de l’aile qu’il
fait faire, et qu’ayant résolu de changer toute cette disposition-là,
Mansart avait tant travaillé qu’en vingt-quatre heures il avait tout
changé et avait encore mieux réussi que la première fois2. Par ce
nouveau dessin-ci, Sa Majesté aura cinquante-cinq beaux logements
nouveaux à donner aux courtisans3. » Le plus grand nombre de ces
logements de courtisans est constitué dans le corps du bâtiment, « sur
la grande rue qui conduit du Château à l'Etang », et on en fera aussi
dans le pavillon central qui le réunira au corps de bâtiment sur les
jardins. Dans ce dernier, ils occupent l'attique seulement, le rez-de-
chaussée et le premier étage étant réservés d’une façon presque absolue
aux princes du sang. Dans tout le Château, d’ailleurs, bien peu de
1. Les archives de la Direction des Beaux-Arts contiennent, parmi d’anciens
plans relatifs à Versailles, un dessin à l’encre assez grossier, qui est un original
de l’artiste modénois : Profil intérieur de la salle et théâtre des Ballets de Ver-
sailles, donné le 17 janvier 1685, par moy soussigné Vigakani. Puis-je citer, comme
preuve de l’exécution de cette salle, un billet de Louvois à Colbert de Villacerf,
qu'il avait fait nommer contrôleur général des Bâtiments en 1686 (Dangeau, t. I,
p. 366)"? Il écrit de Fontainebleau, le 26 octobre 1689 (Arch. hist. de la Guerre,
vol. 859, folio 261) :
« Je vous prie de visiter demain matin la cour qui est proche de la Salle des
Ballets, au bout de la grande aile nouvelle, le Roi m'ayant fait l'honneur de me
dire qu’il y avait de l’eau qui croupissait. Voyez un peu ce qu'il y aurait à faire
pour la faire écouler et pour empêcher qu’il ne s’y en amasse plus. »
2. A propos de la complaisance et de l’activité de Mansart, on se rappelle le
portrait, d'ailleurs si malveillant, que Saint-Simon a tracé du premier archi-
tecte. Cf. Mémoires, éd. A. de Boislisle. t. XVI, p. 40 et suiv., où le savant anno-
tateur a recueilli un grand nombre de détails sur Mansart.
3. Dangeau, t. I, p. 147. Le détail du premier arrangement est conservé
aux Archives Nationales sous ce titre : Mémoire du nombre des appartements à faire
dans la grande aile à bâtir. Il y en a, en effet, quarante-quatre, y compris « l’aile
séparant les deux cours ». Des plans anciens, donnant le détail de quelques
appartements en ce dernier endroit, y compris celui de M. le duc de Luxembourg,
sont datés de 1695 (O1 1781).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
gnifique, pour les spectacles de l’Opéra1)). Ce n’est qu’à la lin du
règne de Louis XV que Gabriel réalisera, selon l’idéal d’un siècle
nouveau, cette pensée des architectes de Louis XIV.
La nouvelle Grande Aile apporte au service de la Cour une
quantité d’appartements nouveaux dont le Loi a fixé à l’avance la
disposition et choisi sans doule les heureux destinataires. Il devait
y en avoir d’abord quarante-quatre ; Dangeau raconte, le 3 avril 1G85,
comment Mansart dut, au pied levé, en modifier le nombre : « Le
Roi nous conta à son coucher que Mansart lui avait apporté hier le
dessin et la distribution de tous les appartements de l’aile qu’il
fait faire, et qu’ayant résolu de changer toute cette disposition-là,
Mansart avait tant travaillé qu’en vingt-quatre heures il avait tout
changé et avait encore mieux réussi que la première fois2. Par ce
nouveau dessin-ci, Sa Majesté aura cinquante-cinq beaux logements
nouveaux à donner aux courtisans3. » Le plus grand nombre de ces
logements de courtisans est constitué dans le corps du bâtiment, « sur
la grande rue qui conduit du Château à l'Etang », et on en fera aussi
dans le pavillon central qui le réunira au corps de bâtiment sur les
jardins. Dans ce dernier, ils occupent l'attique seulement, le rez-de-
chaussée et le premier étage étant réservés d’une façon presque absolue
aux princes du sang. Dans tout le Château, d’ailleurs, bien peu de
1. Les archives de la Direction des Beaux-Arts contiennent, parmi d’anciens
plans relatifs à Versailles, un dessin à l’encre assez grossier, qui est un original
de l’artiste modénois : Profil intérieur de la salle et théâtre des Ballets de Ver-
sailles, donné le 17 janvier 1685, par moy soussigné Vigakani. Puis-je citer, comme
preuve de l’exécution de cette salle, un billet de Louvois à Colbert de Villacerf,
qu'il avait fait nommer contrôleur général des Bâtiments en 1686 (Dangeau, t. I,
p. 366)"? Il écrit de Fontainebleau, le 26 octobre 1689 (Arch. hist. de la Guerre,
vol. 859, folio 261) :
« Je vous prie de visiter demain matin la cour qui est proche de la Salle des
Ballets, au bout de la grande aile nouvelle, le Roi m'ayant fait l'honneur de me
dire qu’il y avait de l’eau qui croupissait. Voyez un peu ce qu'il y aurait à faire
pour la faire écouler et pour empêcher qu’il ne s’y en amasse plus. »
2. A propos de la complaisance et de l’activité de Mansart, on se rappelle le
portrait, d'ailleurs si malveillant, que Saint-Simon a tracé du premier archi-
tecte. Cf. Mémoires, éd. A. de Boislisle. t. XVI, p. 40 et suiv., où le savant anno-
tateur a recueilli un grand nombre de détails sur Mansart.
3. Dangeau, t. I, p. 147. Le détail du premier arrangement est conservé
aux Archives Nationales sous ce titre : Mémoire du nombre des appartements à faire
dans la grande aile à bâtir. Il y en a, en effet, quarante-quatre, y compris « l’aile
séparant les deux cours ». Des plans anciens, donnant le détail de quelques
appartements en ce dernier endroit, y compris celui de M. le duc de Luxembourg,
sont datés de 1695 (O1 1781).