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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: L' école de Fontainebleau et le Primatice, 3: à propos d'un livre récent
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0448

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L’ÉCOLE DE FONTAINEBLEAU ET LE PRIMATICE 413

La mort de François Ier (1547) fut un coup de foudre pour la colonie étran-
gère. En lui, le Primatice perdait le Mécène le plus affectionné et le plus libéral.
A une longue suite de prospérités devait succéder une ère de luttes et d’épreuves.

Toutefois, si l’étoile du Primatice subit une éclipse à ce moment, cela tient à
des causes multiples et non à une disgrâce. Bon nombre de ses collaborateurs
italiens avaient disparu: Bagnacavallo avait regagné l’Italie vers 1346, Luca Penni
avait passé en Angleterre, Miniato s’était pendu en 1548, liustici avait été congé-
dié, Serlio avait de son propre mouvement quitté Fontainebleau, délia Robbia
s’était retiré à Florence. Et puis, l’ère des grands travaux était fermée à Fontai-
nebleau; par contre, l’embellissement d’Anet, propriété de Diane de Poitiers,
allait absorber toute l’attention du nouveau roi. Enfin, et par-dessus tout, à côté
de la colonie étrangère se développait une école indigène, capable désormais de
manier le style de la Renaissance avec tout le savoir el tout le goût désirables.

S’il n’y avait eu entre le Primatice et Philibert Delorme que rivalité person-
nelle, voire antagonisme national, nous n’y insisterions guère, du moins ici. Mais
M. Dimier a mis en lumière, avec infiniment de sagacité, la diversité des prin-
cipes représentés par chacun des deux maîtres, l’un procédant de la peinture,
l’autre de l’architecture, pour tendre à la domination universelle. Et, à ce sujet,
le jeune critique émet une opinion passablement hardie et révolutionnaire: il
lui a fallu du courage pour soutenir, par le temps qui court, « qu’il n’y a rien de
si funeste aux beaux-arts que quand la direction générale en tombe aux mains
des architectes ». Voilà qui va faire frémir toutes nos sociétés ou revues d’art
décoratif, aux yeux desquelles la maîtrise de l’architecte est comme une parole
d’évangile! J’avoue, pour ma part, que les arguments mis en avant par le dernier
biographe du Primatice ne manquent pas de portée : « Jamais, dit-il, sous un
autre qu’un peintre, les arts n’eussent pris chez nous, à la Renaissance, le bel
essor qu’on leur vit prendre. Jamais ces ouvrages mitoyens d'architecture et de
sculpture, tels que ceux de l’atelier de Nesle, n’eussent marié si agréablement et
de si près, pour le plus grand profit de l’un et de l’autre de ces deux arts, les
chapiteaux et les corniches aux bas-reliefs, aux masques et aux draperies... »
Pour conclure, M. Dimier félicite Catherine de Médicis d’avoir, son époux à peine
mort, rendu Delorme à l’architecture, de lui avoir confié les Tuileries et le
château de Saint-Maur, tandis que, deux jours seulement après la mort de
Henri II, elle rappelait le Primatice à la surintendance de tous les arts.

Comme avant lui Raphaël et Jules Romain, comme après lui Charles Le
Brun, le Primatice était un artiste à tout faire, un encyclopédiste, pour ne pas
dire un imprésario. Tous les genres lui étaient familiers: tantôt (1546) il esquis-
sait pour le duc de Ferrare la Bataille cle Marignan, tantôt il organisait (en 1560),
à Chenonceaux, les fêtes d’une entrée royale. Nous le voyons fournir le modèle
d’une figure de femme à fondre en bronze, des dessins pour les Apôtres traduits
en émail par Léonard Limousin, ceux des tapisseries tissées dans l’atelier nou-
vellement établi à Fontainebleau, sous la conduite de Babou de la Bourdaisière
(Flore, Cjjbèle, Bacchus, Neptune, les unes conservées aux Gobelins, les autres au
Musée des tissus de Lyon). Bref, il n’y eut guère de monument de quelque impor-
tance où il ne mit la main, soit comme artiste, soit comme surintendant.

Seuls, les tableaux de chevalet font presque entièrement défaut chez lui,
comme chez les autres maîtres de Fontainebleau. Ces improvisateurs, qui cou-
 
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