Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 28.1902)

414

UAZETTE DES BEAUX-ARTS

vraient de fresques, en se jouant, des centaines de mètres carrés, reculaient, ce
semble, devant le fini qu’exige une peinture à l’huile. On a parfois attribué, il
est vrai, au Primatice un tableau du Louvre : la Continence de Scipion; mais
M. Villot a revendiqué cet ouvrage pour Dubreuil. Quant au Concert, du même
musée, c’est la copie avec variantes d’une des fresques de la galerie Henri II.

Pour compléter le tableau de l’activité déployée par la colonie italienne de
Fontainebleau, il y faudrait faire entrer les ouvrages d’orfèvrerie, les gravures
sur cuivre ou sur pierres dures, les médailles, les broderies, et par-dessus tout
le renouvellement de l’art français. L’un ou l’autre de ces groupes ont déjà été
étudiés — les médailles par M. de La Tour1, les estampes par M. Herbet 2, les
sculptures de Dominique Florentin par M. Babeau 3, MM. Kœchlin et Marquet de
Yasselot \ Mais il reste à en donner une vue d'ensemble. Souhaitons que M. Di-
mier se consacre à ce travail. Le succès qui a couronné son premier essai doit
l’encourager à un nouvel effort.

VI

Après la mort de Henri II, Fontainebleau commença d’ètre quelque peu
délaissé, et ce fut Paris désormais qui servit de théâtre à l’activité du Primatice.
Il réorganisa l’atelier installé à l’hôtel de Nesle et y enrôla sept des plus habiles
sculpteurs du temps, dont quatre Florentins, à savoir Renaudin (Lorenzo Nal-
dini), Ponce 3, Girolamo délia Robbia, Dominique Florentin, puis Jean Picard,
Fremin Roussel, enfin, et par-dessus tout, Germain Pilon.

La principale tâche assignée à l’atelier de Nesle était la décoration de la cha-
pelle des Valois, que Catherine de Médicis se proposait de faire édifier à côté de
la basilique de Saint-Denis, et qui devait recevoir sa dépouille mortelle, celle de
son époux et de ses quatre fils.

Le Primatice fournit-il les plans de cette rotonde, dont la colonnade orne
aujourd’hui le parc Monceau? M. Dimier n’est pas éloigné de le croire, tout en
faisant à Baptiste Ducerceau la part du lion. M. de Geymüller est plus affirmatif
encore, En tout état de cause, c’est dans l’atelier de Nesle et sous la direction,
peut-être avec le concours de l’artiste bolonais, que Germain Pilon exécuta les
merveilleuses statues du mausolée de Henri II et de Catherine, destinées à la même

1. Matteo del Nassaro. Paris, 1893.

2. Les Graveurs de l'École de Fontainebleau ;— Catalogue de l’œuvre de L. Dr, —
Catalogue de l'œuvre de Fantuzzi; —Dominique Florentin et les Burinistes. Fontaine-
bleau, 1896-1899. — Rappelons aussi les Extraits d’actes et notes concernant les artistes
de Fontainebleau, également publiés par M. Ilerbet (Fontainebleau, 1901).1

3. Dominique Florentin, sculpteur du XVIe siècle (Réunion des Sociétés savantes des
départements, section des Beaux-Arts). Paris, 1877.

4. La Sculpture à Troyes et clans la Champagne méridionale au xvie siècle.
Paris, 1900.

5. Chemin faisant, M. Dimier a élucidé la biographie du mystérieux Ponce Jacquio
de Florence, dont nous connaissons enfin un ouvrage authentique : les enfants qui
accompagnent le monument du cœur de François II, à la basilique de Saint-Denis. Nous
savons aujourd’hui que maître Ponce et Ponce Jacquio ne font qu’un : ils sont iden-
tiques au Ponzio Fiorentino mentionné par Vasari.