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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 5
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Forthuny, Pascal: Correspondance d'Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0456

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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE

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où les qualités et les défauts de l’école actuelle de Bade apparaissaient tout le long
de vingt salles. Nous avons, bon gré mal gré, en France une éducation optique
telle, que nous ne saurions aimer absolument la lumière qu’affectionnent le plus
souvent les peintres d’Allemagne. Ainsi, il y a à Carlsruhe une forte phalange de
paysagistes dont l’œuvre se déroule dans une atmosphère où les gris sans transpa-
rence prédominent. Les franches clartés, le soleil vibrant, ne glissent pas naturel-
lement des palettes sur les toiles, et lorsqu’une vive lumière éclate tout à coup à
l’angle d'une cimaise, on y distingue très sensiblement l’effort d’un artiste qui a
voulu, un instant, créer à l’encontre de son tempérament. Peut-être, dans cette

LE REPOS DES PÊCHEURS, PAR M. HANS THOMA

incapacité particulière, devons-nous trouver la raison pourquoi un assez grand
nombre de peintres, là-bas, s’en tiennent de préférence à tels sujets légendaires,
fantastiques, où une lumière conventionnelle tire son excuse du motif lui-même.
Aussi lorsque Ferdinand Kellerarme le chevalier saint Georges contre le dragon,
se croit-il le droit de brosser des ciels invraisemblables. Mais il faut sauver et
mettre bien haut l’art si profond de Ludwig Dill, qui peint à larges masses, à
touches sobres, la géologie des vastes plaines bosselées par la croupe des chênes
trapus. Celui-là ne se fixe pas à l’anecdote d’une rivière sinuant entre ses berges
et agitant des moires incertaines où le pinceau s’amuse; il consigne un aspect
éternel de la terre; on est amené devant sa toile à penser que le cours d’eau
creusa en dix siècles son lit, et l’image du ciel dans l’eau évoque la succession
éternelle des jours, pareils à eux-mêmes. Quelque chose de cette âme mystérieuse
 
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