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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 6
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Reinach, Salomon: De quelques têtes antiques attribuables à l'école de Phidias
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0491

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DE QUELQUES TÊTES ANTIQUES

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Restent les sculptures du Parthénon. On a si bien coutume de
parler, à ce propos, de Phidias, qu’on perd de vue un fait surprenant,
qui est le .silence absolu clés textes. Non seulement aucun des auteurs
qui ont parlé de Phidias ne lui attribue les frontons, les frises ou
les métopes du Parthénon, mais, alors que Pausanias connaît ou
croit connaître les auteurs des frontons des grands temples grecs,
ceux de Delphes, d’Olympie, de Tégée, il ne prononce aucun nom
d’artiste en décrivant ceux du Parthénon. Comme il n’est pas pro-
bable que le silence du Périégète à cet égard soit le résultat d’une
lacune du texte, il ne peut s’expliquer, à mon avis, que d’une manière.
Les frontons du Parthénon étaient une œuvre collective, à laquelle
n’était pas attaché le nom de tel ou tel artiste; c’était le produit
d’une école, d’une nombreuse équipe de sculpteurs, dont tout le
monde savait, sans qu’il fût besoin de le dire, que Phidias avait été le
chef. Cette manière de voir, déduite du silence même de Pausanias, est
confirmée par le texte de Plutarque dans la Vie de Périclès (ch. XIII),
lorsqu’il parle de l’amitié de l’homme d’Etat athénien pour Phidias,
et des grands travaux qui furent exécutés à son époque avec une
merveilleuse rapidité (ya/acra 6aup.acri.ov r,v tô vayoç) : « Phidias diri-
geait et surveillait tout à côté de Périclès, bien qu’il eût sous ses
ordres de grands architectes et de grands artistes. » C’est là une
situation analogue à celle qu’occupait Raphaël auprès de Léon X lors
de la peinture des Stanze et des Loggie du Vatican. Comme nous con-
naissons de Raphaël des œuvres conçues et exécutées par lui seul, il
est possible, bien que cela soit souvent difficile, de démêler ce qui
est de lui et ce qui est de ses collaborateurs et élèves dans les vastes
décorations dont il s’agit; mais le grand public n’a pas tort d’en
attribuer l’ensemble à Raphaël, qui en fut l’inspirateur et en accepta
la responsabilité. C’est dans cette mesure qu’il est permis de parler
de Phidias à propos des sculptures du Parthénon. Elles nous font
connaître, sinon sa main, du moins sa manière, et nous serions
d’autant moins justifiés à nous créer des scrupules de ce chef, que
nous avons coutume de juger les artistes de l’antiquité d’après des
documents beaucoup moins autorisés. Par exemple, le point de départ
de toute étude sur Polyclète est la copie du Doryphore au musée de
Naples, sculptée vers l’époque de l’ère chrétienne et, naturellement,
plusieurs siècles après l’artiste. Que vaut, sur la manière de Poly-
clète, un pareil témoignage, en comparaison de statues et de reliefs
exécutés, sous la surveillance de Phidias lui-même, par des artistes
qui appartenaient à son école immédiate, au même titre que Penni
 
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