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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 3
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Jamot, Paul: "L' Inspiration du Poète" par Nicolas Poussin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0198

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L’INSPIRATION DU POETE », PAR POUSSIN

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Le musée du Prado possède une toile qui, malgré la différence
des sujets, appelle la comparaison avec le tableau du Louvre. C’est
le Triomphe de David L De part et d’autre on remarque le même
geste du petit génie levant le bras et tenant une couronne. Sur-
tout la délicieuse figure de la Victoire, fille légitime et unique de
la Niké grecque, semble la sœur plus légèrement vêtue de notre
Mu se. Enfin, quoique celui de Madrid soit de dimensions bien
moindres, le principe de composition est le même dans les deux
tableaux : peu de personnages, et même proportion des figures au
format de la toile. Or, voici comment Bellori qualifie le Triomphe
de David : « Cette rare composition, de la plus puissante couleur et
delà première manière de Poussin 1 2 ». li y a loin du David, trop
voisin encore de la réalité, à l’admirable Apollon du Louvre. Cepen-
dant la toile de Madrid, de quelques années sans doute antérieure,
confirme la date proposée pour Y Inspiration du Poète.

On a souvent signalé l’influence du Dominiquin sur les pre-
mières œuvres que Poussin peignit à Rome. Seul, parmi les Ita-
liens de son temps, cet artiste consciencieux, que ses confrères,
pour railler sa lenteur, surnommaient « le Bœuf », avait mérité
l’estime d’un jeune philosophe, maître à trente ans de son métier,
ennemi naturel des barbouilleurs, des amuseurs et des improvi-
sateurs. Il y eut entre les deux hommes, pendant le peu de
temps qu’ils purent se voir3, un commerce profitable à l’un et à
l’autre. Mais, si l’on considère la plupart des peintures que je
viens d’énumérer, combien ne semble-t-il pas plus juste d’attri-
buer, dans l’éducation que Poussin se donnait à lui-même, une
valeur infiniment plus efficace à son admiration pour un vrai
maître, pour un des plus grands peintres de tous les siècles, pour
Titien? Nous savons par Bellori4 que, durant les premières années
de son séjour à Rome, Poussin, avec son ami le sculpteur flamand
François du Quesnoy, avait copié en peinture et en sculpture plu-
sieurs figures d’ « Amours » prises dans le tableau de Titien qu’on
appelle La Fête de Vénus et qui se trouvait alors au Jardin Ludovisi5.

1. On en trouvera une reproduction dans la Gazette, 1895, t. I, p. 309 (article de
M. Léopold Mabilleau sur La Peinture française au Musée cle Madrid).

2. Trad. Rémond, p. 48.

3. Le Dominiquin quitta Rome en 1630 pour s’établir à Naples, où il mourut
peu après.

4. Trad. Rémond, p. 10.

5. Aujourd’hui au musée du Prado : il fut, dès l’époque de Bellori, transporté
en Espagne.
 
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