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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 6
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Adam, Paul: Le symbolisme dans l'oeuvre d'Albert Besnard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0467

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L’OEUVRE D’ALBERT BESNARD

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en l’immortalité personnelle et consciente, soit l’espoir savant d’au-
jourd’hui en la perpétuité des forces qui , durant l’existence, animent
les esprits actifs, sûrs de leur mission. Cette dernière croyance fut
préférée par le maître qui traça le cours d’un fleuve, image de la vie
générale, jamais identique ni fixe, ainsi que la conçurent Iléraclite
et Spencer. On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. Dans
celui-ci non plus qui sourd d’une mère défunte sur la cime des monts
avec lesquels l’a confondue l’éternel labeur actif pour décomposer,
désagréger, multiplier en germes nouveaux les chairs mortes. De
ce cadavre au soleil, et vert comme la saison éclose autour avec ses
papillons et ses serpents onduleux, du sein naguère robuste le lait
maternel s’échappe, tandis qu’à l’autre mamelle un enfant vigou-
reux aspire les restes du suc nourricier partout répandu, devenu
ruisselets, torrents, et reparu, à droite, rivière en cours parmi les
touffes des végétations, puis, fleuve s’étalant jusqu’aux collines
diverses des pays où il s’épanche, où il fertilise. L’aspect de cette
luxuriance émeut un couple humain. 11 s’exalte dans la joie qui fait,
par l’époux, prendre, en ses bras, l’épouse, la tendre vers le fruit à
cueillir. Le mouvement de la vie ne triomphe pas moins dans la
partie de gauche. Là, le fleuve, rougi par le reflet tragique des vol-
cans, roule, dans ses eaux unies aux coulées de laves minérales, les
victimes du cataclysme et leurs étreintes suprêmes près de s’en-
gloutir dans un abîme. Creuset mystérieux d’où ressurgira tout à
l’heure, sous d’autres formes, la même Vie, diverse et impérissable.

Quel poème en trois chants dirait mieux que ce panneau en
trois parties? Feuilletez les meilleures rapsodies des grands lyriques.
Ecoutez vos souvenirs. Interrogez le vieil Hésiode, Lucrèce, Dante,
Hugo, pour ne consulter que le génie méditerranéen. Dans quelles
pages trouver un hymne au soleil meilleur que cette palingénésie
déterminée par l’éclat du rayon qui féconde la morte delà cime?
Notre mémoire de ces œuvres évoque-t-elle une image du
couple humain plus intégrale que celle-ci, où il se mêle à la terre, à
l’eau, à l’air et au feu, métamorphoses infinies de sa réalité provi-
soire, dosa vérité permanente? Le pinceau d’Albert Besnard, après
avoir satisfait à notre attente des couleurs et des lignes, nous pro-
digue autant de pensées que les littératures célèbres des siècles.
L’unité de la composition est parfaite. Du soleil initiateur, dans le
sommet de la toile, jusqu’au couple dominateur, sur la droite, et au
feu transformateur, sur la gauche, la continuité du Mouvement
évolue, en ses principales manifestations de lumière cosmique, de
 
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