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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 6
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Adam, Paul: Le symbolisme dans l'oeuvre d'Albert Besnard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0466

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440

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Non sans justice, on blâme un Paul Baudry d’avoir dessiné des
images spacieuses, d’ailleurs fort louables, d’après un modèle litté-
raire, puis d’avoir colorié ces dessins d’illustration. Avec autant
de raison on reprocherait le contraire à un Monet, à un Cézanne,
en certains de leurs essais, et surtout à la gent simplette de leurs
disciples en presque toutes leurs tentatives, il est inférieur aussi
d’accoupler des taches préalables et amorphes, pour admirables
qu’elles soient devant la pupille, puis de rechercher ensuite à intro-
duire dans ce gâchis un sujet toujours superflu. Cabanel et Cézanne
personnifient les deux extrêmes de l’erreur. De même, en littéra-
ture, il est inutile de créer un thème sublime au point de vue philo-
sophique si' l’on ne rend pas cette idée émouvante par la vie des
personnages, si l’on ne provoque le jeu des sentiments; et, par
contre, il est déplorable de provoquer des sentiments vulgaires
s’ils ne révèlent pas une idée profonde et ample. En vérité, le com-
mun des compositeurs, peintres ou écrivains se dévoue, les uns à
l’expression de la musique imitative, des sujets d’école et des sen-
timents amoureux, les autres à l’expression des thèmes sympho-
niques, abstraits, des harmonies de couleurs informes et des entités
métaphysiques, parce qu’il est extrêmement difficile de joindre dans
la même œuvre, avec leurs proportions, les beautés de la symphonie
aux suggestions objectives, la pensée à la couleur, l’idée au senti-
ment et au geste. Seuls, quelques hommes de génie créent ce genre
de sommes. Pour cette raison, l’intelligence des élites vénère
P Odyssée, la Victoire de Samothrcice, l'Enéide et Y Arc de Titus, les
cathédrales gothiques, la Primavera, les Essais de Montaigne, la
Joconcle, Hamlet, l’œuvre de Rembrandt, Polyeucle et Phèdre, le
château de Versailles, Y Embarquement pour Cyt hère, les deux Faust,
Y Entrée des Croisés à Constantinople, Salammbô, Parsifal, la Légende
clés Siècles, Guerre et Paix. En ces œuvres, le subjectif et l’objectif
s’affrontent. A travers les représentations vraisemblables des choses,
des actes, des êtres, une conception de l’Universel perce, illumine.
Elle constitue la synthèse des tentatives. Le sujet en plastique, le
thème imitatif en musique, la fable en littérature, constituent alors
les symboles de cette idée.

L’art est, en effet, l’œuvre d’inscrire une idée générale, un dogme,
dans un symbole.

Telle La Vie renaissant de la Mort orne l’amphithéâtre de
Chimie, à la Sorbonne. Synthèse grandiose très propre à signifier la
foi la moins fragile des hommes, soit l’espoir innocent d’autrefois
 
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