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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Gabillot, Cyrille: L' incendie de l'opéra en 1781 et les tableaux de Hubert Robert
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0038

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L’INCENDIE DE L’OPÉRA EN 1781

27

Il pleuvait heureusement ce soir-là et le vent était très faible.
Grâce à un service de secours promptement organisé, on put pré-
% server les maisons voisines. A différentes reprises, les combles des

bâtiments dans la cour des Fontaines ou cour des Bons-Enfants,
derrière la scène du théâtre, et ceux du grand escalier du palais,
s’enflammèrent; mais les pompiers vinrent facilement à bout de ces
embrasements naissants. Néanmoins le foyer de l’incendie était si
intense, que, pendant près de deux heures, des charbons ardents,
des flammèches, des étincelles tombèrent jusque dans la rue Saint-
Martin et le faubourg Montmartre. Si le feu eût éclaté quinze jours
plus tôt, alors que les arbres du Palais-Royal venaient d’endurer une
sécheresse de trois mois, la destruction de tout le quartier eût été
certaine.

Les officiers et soldats des gardes-françaises et des gardes-suisses,
la garde de Paris et la Compagnie des pompiers se distinguèrent
particulièrement dans cette soirée funeste. Le lendemain, on décou-
vrit dans les décombres onze cadavres d’ouvriers ou d’employés du
théâtre.

Tel est, d’après les feuilles du temps, le récit de celte cata-
strophe du 8 juin 1781.

Hubert Robert demeurait alors non loin de là, dans un des loge-
ments d’artistes situés sous la Grande Galerie, ou, comme on disait,
aux galeries du Louvre. Pour contempler le spectacle, il vint à
l’Académie de peinture, dont les fenêtres s’ouvraient sur la cour
du Louvre, du côté du Palais-Royal. De ces fenêtres, probablement
celles de la rotonde d’Apollon dont l’Académie avait la jouissance,
il voyait à droite la façade du vieux palais, notamment le pavillon
dit aujourd’hui de Sully, et au fond de la place un pâté de maisons
par-dessus lequel montaient la flamme et la fumée de l’incendie.
Supprimez par la pensée le ministère actuel des Finances et vous
aurez, assez imparfaitement il est vrai, la configuration des lieux
entre la rotonde d’Apollon et le Palais-Royal.

Robert aimait l’actualité. Il dessinait et peignait très vite. Tout
de suite l’idée lui vint de conserver l’image de cette scène terrifiante.
Il en crayonna un dessin, en nota les tons, sans doute comme fit
récemment le peintre Albert Resnard dans ses croquis de l'Inde, et
par ce moyen put brosser de mémoire une petite étude de l’incen-
die. Le lendemain, plus à loisir, il fit en pendant une seconde étude
dans l’intérieur de la salle incendiée.

On connaît ces deux pendants. Ils sont au musée actuel de l’Opéra.
 
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