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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 2
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Schneider, René: Le thème du triomphe dans les entrées solennelles en France à la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0120

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

classiques éléphants, sont représentés sur les arcs pour préciser la
signification et le style de l’entrée. Lyon ne manquait pas l’occasion
de montrer qu’elle était et entendait devenir de plus en plus la
porte triomphale de l’Italie.

N’exagérons rien. La savoureuse tradition nationale n’a jamais
perdu ses droits parmi ces nouveautés, que nous avons tenu à isoler
pour les mieux discerner. Jusqu’à la fin elle entoure celles-ci, les
oppresse même. Il faut s’en féliciter comme de tout ce qui sort sponta-
nément du génie profond de la race. Le prince qui fait son entrée
est à cheval, en chevalier; le Capitole où il se dirige, c’est presque
toujours la cathédrale, l’abbatiale ou la maison de ville ; le sacrifice,
c’est la messe ou un autre office ; la Via Sacra, c’est la vieille rue plus
ou moins tortueuse qui conduit à l’église ; le cortège est la hiérarchie
des « quatre Etats » de la société française, et la mise èn œuvre d’un
très vieux symbolisme dont M. E. Mâle a étudié les origines, puis
l’épanouissement et le déclin. Mais j’ai voulu montrer, non seule-
ment que le Triomphe est une des pénétrations de la Renaissance
iitalo-antique dans ce bloc du passé, mais encore une des plus ra-
pides, puisqu’on en constate les débuts en Normandie Aœrs 1513
et 1517. C’est aussi une des plus éclatantes, puisque l’Entrée est de
l’art vivant et intégral, qui se meut sous les yeux de la société en
liesse, et que cet art exprime le sentiment public où cette société
s’exaltait : la gloire. Un sentiment nouveau, un décor et un cortège
en partie nouveaux/étrangers aux traditions françaises et chrétiennes
de la monarchie, voilà ce que l’Italie a d’abord insinué, puis imposé.
Plus profonde encore apparaîtrait sa dangereuse séduction si l’on étu-
diait les œuvres d’art qu’après elle nos sculpteurs, peintres, miniatu-
ristes, haute-lissiers, huchiers et verriers de la Renaissance ont con-
sacrées au thème prestigieux.

RENÉ SCHNEIDER
 
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