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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 3
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Martin, Henry: Les enseignements des miniatures: attitude royale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0192

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

une règle générale pour deux ou trois exemples qu’on aura notés. La
prudence commande qu’avant de produire une hypothèse les obser-
vations soient surabondantes. Il n’y faut que du temps, car les docu-
ments sont en nombre incalculable.

Grâce aux travaux des romanistes modernes, nous savons à peu
près par quels termes les gens du Moyen âge exprimaient leur pensée.
Mais comment en usaient-ils entre eux lorsqu’ils étaient assemblés?
Quelles étaient leurs attitudes dans les diverses circonstances de la
vie de chaque jour? S’il est quelque chose d’insaisissable, c’est le geste
familier des hommes disparus. Pas plus que de l’intonation, nous ne
pouvons nous llatter d’avoir une connaissance certaine des mouve-
ments du corps de nos ancêtres quand ils conversaient. Grâce à la
photographie, les générations qui nous suivront seront-elles sur nous
un peu mieux renseignées? Peut-être. Du geste, toutefois, la photo-
graphie trop prompte donne des fragments et non l’ampleur. Elle
saisit et reproduit trop exactement des détails que l’œil ne voit point.

L’intérêt du geste procède assurément de ce qu’il est un symbole
qui vient compléter la pensée. Il peut même l’exprimer seul; mais
le plus souvent il en accompagne l’expression, la confirme ou la ren-
force. Il conviendrait sans doute de distinguer deux sortes de gestes :
le geste prolongé qui en certains cas se confond avec l’attitude, et le
geste rapide, souvent intraduisible, tant la brusquerie en est grande.
Pour ce dernier, on le comprend, les documents graphiques sont
plus rares ; mais, à leur défaut, nous avons d’autres moyens de savoir
qu’il est pour l’homme des manières de faire connaître sa pensée
sans proférer une parole, qui n’ont pour ainsi dire pas changé pen-
dant des milliers d’années.

Depuis de longs siècles, le oui, tout au moins chez les peuples
latins, se fait invariablement de même; il en est ainsi également du
non. Les plus vieux traités du savoir-vivre ont eu beau condamner
l’habitude d’affirmer en faisant un signe de tête de haut en bas, et
de nier en agitant la tête horizontalement d’un côté et de l’autre,
la mode en a persisté opiniâtrément : elle n’est sans doute pas près
de disparaître. Très vraisemblablement, ceux qui viendront après
nous acquiesceront ou nieront encore du même geste dont Jupiter,
au dire de Virgile, faisait trembler tout l’Olympe.

Ces cas, néanmoins, sont exceptionnels. Non seulement nous igno-
rons quels étaient la plupart des gestes de nos ancêtres, mais beaucoup
d’entre nous seraient impuissants à noter les gestes que nous exécu-
tons nous-mêmes à chaque instant. Ils nous sont trop connus pour
 
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