■266
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ce goût de la décoration développe les qualités d’ordre et de
■composition. Quelques-uns, par delà Puvis, les admirèrent chez les
maîtres du xviT siècle, chez Poussin, et dirigèrent un retour vers
le classicisme. M. Maurice Denis, qui fut à la tête de ce mouvement,
ne parait plus aux Indépendants, mais les néo-classiques sont assez
nombreux. M. Déziré a peint cette année deux « verdures » qu’il
intitule Projets de décoration. Devant un rideau d’arbres et de lianes
qui se répètent dans un lac, un homme accroché à un tronc tend à
une femme une branche de fruits ou bien tient un oiseau, tandis
que sa compagne tord ses cheveux. La composition est parfaitement
■classique; c’est aux idylles de Poussin que font penser ces person-
nages et, plus encore, les bergers de son Étude : ils devisent devant
un fleuve qui semble naturellement le Tibre et des collines bleues
qu’on nomme les Monts Albains.
M. Dusouchet peint un Concert champêtre. Les dessins qu’il
publiait voici deux ans dans Paris-Journal permettaient de prévoir
■cette composition. Au centre, sous un arbre, une femme se penche
sur un joueur de flûte.; à leurs pieds, un autre joueur de flûte; de
■chaque côté deux danseurs. La composition est tranquille, rien de
la vivacité sensuelle du groupe de Carpeaux; les personnages sont
traditionnellement couronnés de lierre et soufflent dans des flûtes
de Pan. Comme sur les vases grecs, les hommes sont peints en brun
rouge et les femmes en jaune pâle. La couleur, sans être violente, est
chaude; M. Dusouchet oppose l’orangé d’une robe au bleu de la mer
et du ciel et le rouge d’un bonnet au vert de l’arbre. Ce goût de
la pastorale apparait aussi chez MUe Marthe Galard qui, sous le nom
de Tendresses, expose une sorte de concert champêtre. Même compo-
sition classique et calme dans la Cueillette de citrons de M.Quesnel.
C’est de Puvis que dérivent certaines décorations comme celles de
M. Zak; c’est Puvis en même temps que M. René Ménard qu’évoque
Y Hélène de M. Florot.
Les artistes néo-classiques acceptent, en effet, les sujets tradition-
nels; la Chaste Suzanne, Adam et Eve rentrent en scène. M. Roger
Parent, avec une facture très personnelle, représente comme
M. Paul Sé rusier, dont les anatomies sont vraiment trop sommaires,
la Tentation.
La recherche de la simplicité décorative et classique ramène les
artistes au dessin. M. Voguet expose une grande académie de femme;
M. Charlier des figures au trait; M. Dorignac envoie des torses fémi-
nins musclés comme des Michel-Ange ou des antiques, tandis que
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ce goût de la décoration développe les qualités d’ordre et de
■composition. Quelques-uns, par delà Puvis, les admirèrent chez les
maîtres du xviT siècle, chez Poussin, et dirigèrent un retour vers
le classicisme. M. Maurice Denis, qui fut à la tête de ce mouvement,
ne parait plus aux Indépendants, mais les néo-classiques sont assez
nombreux. M. Déziré a peint cette année deux « verdures » qu’il
intitule Projets de décoration. Devant un rideau d’arbres et de lianes
qui se répètent dans un lac, un homme accroché à un tronc tend à
une femme une branche de fruits ou bien tient un oiseau, tandis
que sa compagne tord ses cheveux. La composition est parfaitement
■classique; c’est aux idylles de Poussin que font penser ces person-
nages et, plus encore, les bergers de son Étude : ils devisent devant
un fleuve qui semble naturellement le Tibre et des collines bleues
qu’on nomme les Monts Albains.
M. Dusouchet peint un Concert champêtre. Les dessins qu’il
publiait voici deux ans dans Paris-Journal permettaient de prévoir
■cette composition. Au centre, sous un arbre, une femme se penche
sur un joueur de flûte.; à leurs pieds, un autre joueur de flûte; de
■chaque côté deux danseurs. La composition est tranquille, rien de
la vivacité sensuelle du groupe de Carpeaux; les personnages sont
traditionnellement couronnés de lierre et soufflent dans des flûtes
de Pan. Comme sur les vases grecs, les hommes sont peints en brun
rouge et les femmes en jaune pâle. La couleur, sans être violente, est
chaude; M. Dusouchet oppose l’orangé d’une robe au bleu de la mer
et du ciel et le rouge d’un bonnet au vert de l’arbre. Ce goût de
la pastorale apparait aussi chez MUe Marthe Galard qui, sous le nom
de Tendresses, expose une sorte de concert champêtre. Même compo-
sition classique et calme dans la Cueillette de citrons de M.Quesnel.
C’est de Puvis que dérivent certaines décorations comme celles de
M. Zak; c’est Puvis en même temps que M. René Ménard qu’évoque
Y Hélène de M. Florot.
Les artistes néo-classiques acceptent, en effet, les sujets tradition-
nels; la Chaste Suzanne, Adam et Eve rentrent en scène. M. Roger
Parent, avec une facture très personnelle, représente comme
M. Paul Sé rusier, dont les anatomies sont vraiment trop sommaires,
la Tentation.
La recherche de la simplicité décorative et classique ramène les
artistes au dessin. M. Voguet expose une grande académie de femme;
M. Charlier des figures au trait; M. Dorignac envoie des torses fémi-
nins musclés comme des Michel-Ange ou des antiques, tandis que