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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 5
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Saunier, Charles: David et son École au Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris: (Petit Palais)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0418

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290

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Vingt et un dessins de David et cent cinquante dessins et minia-
tures de ses élèves complètent l’exposition. Aucun d’eux n’est une
révélation. L’école d’Ingres a fourni des dessinateurs bien supérieurs
à ceux de l’école de David, tiraillés entre les préceptes du maître et
des souvenirs xvme siècle. Les dessins de David lui-même, — et mon
opinion est fondée non pas seulement sur les échantillons exposés,,
mais sur les pièces que je connais, que j’ai bien étudiées, au Louvre
et ailleurs, — sont rarement très fermes. Dans ses croquis sur
nature, le premier trait est timide, ne devient fort, caractéristique
qu’à la reprise. De même, ses projets de composition, tracés à
l’encre et rehaussés de lavis, sont bavocheux, même aux meilleures
époques de sa carrière. Les dessins que j’ai rencontrés de Germain
Drouais, son élève préféré, frisent l’extrême médiocre. Pour Gérard
et Gros, le procédé de notation préféré n’est pas le crayon, mais le
pinceau : témoin les pochades du premier, à Versailles; du second,
à Montpellier. A la plume, l’improvisation de Gros est calligra-
phique; aux deux crayons, ses études d’atelier sont souvent lourdes,
sans nervosité. L’un des meilleurs dessinateurs de l’atelier estGirodet.
Son petit dessin d’Hylas et les Naïades est excellent. Mais les nos 300,
302 et, peut-être, 296, me semblent devoir entrer dans la catégorie
« par ou d’après », jusqu’à plus ample informé.

David a couvé dans son atelier des dessinateurs au pointillé,
gens aimables qui ont appris de lui la science des proportions, le
dessin du visage, mais que des dispositions particulières ont orientés
vers d’autres rives. Le plus illustre transfuge est le miniaturiste
J.-B.' Isabey, largement représenté ici, et par des miniatures et par
de charmants dessins au dégradé, dont le chef-d’œuvre est le portrait,
en costume de hussard, du général Marceau, suivant les uns, d’un
camarade d’atelier, Barbier-Walbonne, suivant les autres, llarriet
employa aussi le même procédé pour la confection de petits portraits
dessinés, dont celui de sa gracieuse femme est un des plus parfaits
spécimens. Que d’esprit, de grâce, de tendresse dans cette œuvre, et
comme le procédé un peu mignard s’ajuste bien à cette représenta-
tion amoureuse! Toutefois, rien, dans de telles œuvres, ne rappelle
la discipline de David, les moyens d’expression et d’exécution qu’il
préconisait.

C’est bien « français », ne nous en plaignons pas. Mais David
exigeait que ses élèves fussent « italiens »; il croyait l’être lui-même.

CHARLES SAUNIER
 
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