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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Le théâtre des Champs-Élysées, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0445

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des draperies et des voiles : une femme se prosterne en se tordant
les mains, comme la Vestale de Spontini.

Tandis que le premier plan reste vide et que le ge'nie de Gluck
s’isole, un contraste ironique nous montre, au fond, les personnages
traditionnels de Yopera buff'a, leurs déguisements pittoresques et
leur mimique agile, les contorsions d’Arlequin, et Colombine qui se
pâme dans les bras d’un ravisseur à turban. Puis, sous le portique,
les costumes du xvme siècle reparaissent. Don Juan, tricorne en
tête, enveloppé d’un grand manteau noir, entraîne galamment la
coquette Zerline. Mozart, s’il n’a pas dans la composition une place
aussi solennelle que Gluck, reçoit du moins, comme Gluck, un
double hommage. Après Don Juan, c’est, dans des atours singuliers,
persans peut-être, chinois sans doute, sauvages assurément et pas
du tout égyptiens, un couple où l’on reconnaît l’oiseleur Papageno,
pieds nus, vêtu et coiffé de plumes, la flûte de Pan aux lèvres. Un
jeune chasseur, le torse serré dans un pourpoint à la mode de 1820,
le fusil en bandoulière, s’agenouille aux pieds d’une jeune et
pudique Allemande; et l’on trouve juste que le Fiï$ischütz nous fasse de
nouveau souvenir d’un maître qui est sorti de Beethoven et dont se
réclama Wagner. Derrière le rang des protagonistes, des figurants
disparates passent en tous sens : Faust et Marguerite, Carmen, plus
loin le Prophète, et là-bas, là-haut, penché à la balustrade, un
groupe burlesque où l’on croit deviner une allusion à Offenbach.

Louons l’auteur, en traitant une matière si malaisée, d’avoir su
plier le pittoresque à une ordonnance qu’assure le rythme du
paysage et où l’épisode de Gluck paraît comme, au milieu d’un bril-
lant concerto, un adagio d’émotion et de poésie.

Après les pompes extérieures de Y Opéra, le médaillon de la
Sonate nous introduit dans un cercle intime d’amis, amis entre eux
et amis véritables de la musique. On retrouve ici les costumes à la
fois antiques, monastiques et modernes que M. Maurice Denis a
inventés pour son usage. Puvis de ChaA'annes, lui aussi, avait adopté
une convention analogue, un peu différente cependant, parce qu’elle
s’adaptait à sa propre pensée. Chez M. Maurice Denis, la simplifica-
tion, la stylisation, si l’on veut, du costume contemporain, est encore
plus marquée et plus sensible la tendance à imiter l’habit religieux.
Mais il y a dans ces longues robes droites et blanches qu’il affec-
tionne un je ne sais quoi de vivant qui nous en fait immédiate-
ment accepter la vraisemblance. En avant du monstre bizarre et
noir que dessine un piano à queue dont le couvercle est levé, une
 
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