DOI issue:
Nr. 6
DOI article:Bertaux, Émile: Rome au salon
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0516
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
D’autres questions se posent au sujet d’une entreprise qui doit inté-
resser les artistes et les historiens des deux mondes.
La Sorbonne ne prétend pas au monopole de la Rome impériale :
l’œuvre française de M. Bigot mérite do devenir la base des études de
topographie romaine dans toutes les grandes Universités et d’être
commentée dans toutes les langues savantes. Les moules du grand
relief peuvent servir à d’autres plâtres: Mais une masse de plâtre
aussi étendue et aussi riche en menus détails sera partout fragile et
de durée précaire. M. Bigot a songé à tirer des épreuves de bronze
parla fonte, ou la galvanoplastie. C’est une solution pratique pour
l’envoi du relief à quelque Université d’Amérique ; je la trouve
un peu sommaire pour la conservation de l’œuvre originale. Une
ville trop sombre succéderait à la ville trop blanche; une momie
de Rome à son fantôme. Il manquerait toujours à l’œuvre de
résurrection qui est accomplie la vie de la couleur.
La cité de plâtre qui a remplacé le modèle d’argile, pourquoi
ne pas la rebâtir de marbre, impérialement? Sous la direction du
« maître de l’œuvre », des praticiens tailleraient chaque pâté de
quartier, chaque bloc de collines tout chargé de palais et de temples :
un peintre, qui devrait être un artiste; revêtirait les murailles et
les colonnes d’une polychromie à la cire, qui marquerait les taches
roussâtres des quartiers populaires, comme le chatoiement des
marbres orientaux. Le bronze serait réservé pour les toits dorés des
monuments les plus somptueux et pour les massifs d’arbres, où
domineraient lestons graves des pins et des cyprès. Le long et admi-
rable travail de l’architecte recevrait sa forme définitive dans un
ouvrage d’orfèvre. La Ville, blanche et colorée et parée de métal
brillant, aurait, dans son temple du Quartier Latin, la richesse et la
majesté d’une Rome chryséléphantine. Qui veut la donner à Paris?
E. BERTAUX
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
D’autres questions se posent au sujet d’une entreprise qui doit inté-
resser les artistes et les historiens des deux mondes.
La Sorbonne ne prétend pas au monopole de la Rome impériale :
l’œuvre française de M. Bigot mérite do devenir la base des études de
topographie romaine dans toutes les grandes Universités et d’être
commentée dans toutes les langues savantes. Les moules du grand
relief peuvent servir à d’autres plâtres: Mais une masse de plâtre
aussi étendue et aussi riche en menus détails sera partout fragile et
de durée précaire. M. Bigot a songé à tirer des épreuves de bronze
parla fonte, ou la galvanoplastie. C’est une solution pratique pour
l’envoi du relief à quelque Université d’Amérique ; je la trouve
un peu sommaire pour la conservation de l’œuvre originale. Une
ville trop sombre succéderait à la ville trop blanche; une momie
de Rome à son fantôme. Il manquerait toujours à l’œuvre de
résurrection qui est accomplie la vie de la couleur.
La cité de plâtre qui a remplacé le modèle d’argile, pourquoi
ne pas la rebâtir de marbre, impérialement? Sous la direction du
« maître de l’œuvre », des praticiens tailleraient chaque pâté de
quartier, chaque bloc de collines tout chargé de palais et de temples :
un peintre, qui devrait être un artiste; revêtirait les murailles et
les colonnes d’une polychromie à la cire, qui marquerait les taches
roussâtres des quartiers populaires, comme le chatoiement des
marbres orientaux. Le bronze serait réservé pour les toits dorés des
monuments les plus somptueux et pour les massifs d’arbres, où
domineraient lestons graves des pins et des cyprès. Le long et admi-
rable travail de l’architecte recevrait sa forme définitive dans un
ouvrage d’orfèvre. La Ville, blanche et colorée et parée de métal
brillant, aurait, dans son temple du Quartier Latin, la richesse et la
majesté d’une Rome chryséléphantine. Qui veut la donner à Paris?
E. BERTAUX