Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Hautecoeur, Louis: Les Salons de 1913, 2, La peinture aux salons de la Société Nationale et de la Société des Artistes Français
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0536

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
502

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

donne à sa baigneuse l’attitude de la Vénus accroupie. M. Billotey se
souvient du Parthénon, M. Aman-Jean revêt ses héros de vêtements
à l’antique, M. Cazes peint des Chasseresses ou des Soirs païens et les
ménagères de M. Henri Martin sont de tous les temps.

Les tendances des portraitistes ne sont pas moins diverses. Beau-
coup désirent malheureusement satisfaire leurs modèles et les re-
touchent comme un photographe ses clichés; ils soignent le rendu,
rougissent les lèvres, nacrent la peau, font briller les diamants ou
les perles. Pourquoi nous donner la peine de critiquer ces notables
commerçants ? Beaucoup aussi — et ils sont déjà plus sympathiques
•— se contentent de copier leurs modèles aussi exactement que pos-
sible, comme ils feraient d’une nature morte. Certains recherchent
la grâce des lignes : M. Lavery, qui expose Anna Pavlova dans la
Mort clu Cygne, fut séduit par l’harmonie de ses attitudes. D’autres
vont un peu plus loin : M. Déchenaud, dans une assez grande toile
dont la couleur n’est pas d’agréable qualité, s’est efforcé de nous
montrer des physionomies en action : il a groupé des peintres qui
examinent un tableau et dont chacun réagit à sa manière. Néanmoins
nous voyons plutôt les tics, les habitudes faciales de ces personnages
que nous ne devinons leurs sentiments.

Avec M. Lentz, qui expose le portrait de cinq professeurs de
l’École supérieure de Varsovie, nous accomplissons un nouveau pro-
grès. Nous trouvons tout naturel que ces deux hommes-là parlent,
que celui-là regarde avec tranquillité et que cet autre, épaissi, réflé-
chisse paisiblement. Ce n’est pas l’auteur qui les a posés, il les a
considérés. M. Guiguet sait fort bien aussi saisir le geste, l’inclinaison
de la tête, le regard, le mouvement du corps qui trahit le carac-
tère; ses portraits d’enfants, sobres, serrés et surtout ses dessins,
dont la technique est très habile, sont d’une parfaite exactitude.

Cette acuité psychologique, nous la découvrons dans les deux
portraits de Mme Mutermilch et chez MUe de Boznanska. Ce n’est pas
simplement la couleur terne de la pâte absorbée par le carton et ce
voile d’ombre qui, dans les œuvres de cette dernière, poétisent les
physionomies et donnent au regard une lointaine profondeur, c’est
encore l’ordonnance, le choix des attitudes, le port de la tête; mais
ces cartons, combien dureront-ils? Nul artiste n’égale sans doute
pour la finesse de l’observation M. E. Laurent. Que l’on trouve un
peu de monotonie à ce procédé divisionniste qui rend comme une
même matière le bois, l’étoffe, la chair, qu’importe! On ne peut
nier que ce procédé n’aide singulièrement le peintre à réaliser sa
 
Annotationen