Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Dorbec, Prosper: L' hellénisme d'Eugène Fromentin
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0043

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
32

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

était marquée par Fromentin lui-même qui inscrivait, dans un projet de revue
rochelaise, où lui eût été réservée la rubrique des arts, le nom de d’Aligny à
côté de celui de Dupré parmi les artistes à faire connaître à ses compatriotes.

Représentons-le-nous — toujours analyste de soi-même — se demandant
quelle matière fournira à ses aptitudes l’emploi le mieux approprié.
Pouvait-il être un paysagiste simplement rustique, après la forte culture intel-
lectuelle qui lui avait été donnée? Aussi, de ces deux conceptions que se
sont faites du paysage les artistes de i83o, ce n’est pas celle qui s’incarnait
en Théodore Rousseau qui va prédominer chez lui. L’évolution qu'il obser-
vait du reste dans les tendances de son maître Louis Cabat ne pouvait que
l'en détourner : il le voyait, revenu d’Italie, faire alterner, sacrifier tour à
tour la spontanéité des impressions et les spéculations du style, le sensualisme
de la couleur et la spiritualité du dessin. Dans une lettre à un ami qu’il écrivait
du village de Chailly, lors d’un premier séjour aux environs de la forêt de
Fontainebleau: « Ici,disait-il, à part une figure de chasseur, de voyageur ou
de bûcheron, on ne sait que mettre pour animer le paysage ou qu’imaginer.
J’ai par hasard découvert un groupe d’arbres ayant un caractère antique ou
qui m’en a produit l’impression. » C’est là tout le langage que pouvait tenir
un esprit rallié aux théories des néo-classiques, toute la préoccupation d’un
d’Aligny quand il travaillait dans la même forêt. Comme eux il apprécie
surtout les sites qui dirigent la pensée vers l’antique.

Dans la nature les néo-classiques se désintéressent du relatif, du par-
ticulier, de l’accidentel. Aux effets mouvementés et violents x'echerchés du
paysage romantique, ils opposent le permanent, l’immobile, la sérénité.
C’était donc encore les évoquer que de dire en face d’un objectif dont la
mobilité le mettait au supplice : « Ce n’est pas la gaîté qui me plaît dans la
lumière ; ce qui me ravit, c’est la précision qu’elle donne aux contours, et,
de tous les attributs propres à la grandeur, le plus beau, selon moi, c’est
l’immobilité. »

Mais le paysage ainsi conçu tient plus à la partie intellectuelle de l’artiste
qu’à sa sensibilité : Fromentin allait-il sacrifier ses dons si subtils de récepti-
vité à cet art de compréhension surtout cérébrale, qui plaisait à son esprit
lettré? Nous verrons comment il a répondu à cette question.

Il n’alla pas toutefois comme ses aînés demander à l’Italie de parfaire son
éducation de paysagiste ; mais la même leçon se retirant d’un séjour dans les
régions de l’Orient où se trouvent aussi l’eurythmie des lignes, la stabilité et
la gravité des formes et même parfois l’éloquence des ruines sous une pareille
impassibilité du ciel, on peut dire qu’une des raisons qui devaient si impé-
rieusement le conduire en face du désert, c’était cette même fièvre de style
qui s’emparait de beaucoup de paysagistes et les enlevait, comme son maître
 
Annotationen