L’HELLÉNISME D’EUGÈNE FROMENTIN
33
Louis Cabat, aux coins familiers qu’ils copiaient avec toute leur sincérité,
pour les transporter devant les décors imposants de la campagne de Rome.
Dans son premier séjour de six semaines en terre d’Afrique durant l’au-
tomne de 18^6, il recueillit des impressions qui, dans ses deux volumes sur
le Sahara et le Sahel, se trouvent mêlées à celles qu'il devait retenir de ses
deux autres voyages. Notons comme un indice pour nous significatif ce sou-
venir conservé de Blidah : le bois des Oliviers devant lequel il crut voir,
avec le paysagiste Charles
Labbé, son compagnon,
le site d'Œdipe à Colorie
se reconstituer avec son
bois sacré et même son
autel figuré par un petit
marabout à coupole
basse, et, venant là se
profiler, des « dompteurs
de coursiers » à demi
nus, à qui, sur leurs
petits chevaux à mâchoi-
res nerveuses, ils trou-
vaient des airs thessa-
liens... Dans ce pays où
les rivières sont bordées
de lauriers-roses, où le
haillon du Bédouin prend
facilement la noblesse
d’un drapé, ils avaient
tous les deux la hantise
de l’antique. Continuant
de s’exercer, elle mène-
rait Charles Labbé jus-
qu’en Grèce, d’où les livrets des Salons nous montrent qu’il rapporta des
vues de Thessalie, d’Eleusis et de la vallée de Tempé ; elle se découvrirait de
plus en plus dans la série des œuvres de Fromentin, pour se manifester plei-
nement le jour où il se sentit enfin dans la main le dessin assuré de la figure.
*
* *
Jusque-là, s’il apparaît dans ses tableaux des figures dont la plastique
se ressent déjà de son goût pour l’antique, comme dans Une Rencontre du
Musée de La Rochelle, il jette sur les incertitudes de leur dessin (et sur le
- 5e PÉRI ODE. 5
G II E VA U X A 1, A B U E U V O I R
PAR EUGÈNE FROMENTIN
(Ancienne collection Georges Petit.)
I X .
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Louis Cabat, aux coins familiers qu’ils copiaient avec toute leur sincérité,
pour les transporter devant les décors imposants de la campagne de Rome.
Dans son premier séjour de six semaines en terre d’Afrique durant l’au-
tomne de 18^6, il recueillit des impressions qui, dans ses deux volumes sur
le Sahara et le Sahel, se trouvent mêlées à celles qu'il devait retenir de ses
deux autres voyages. Notons comme un indice pour nous significatif ce sou-
venir conservé de Blidah : le bois des Oliviers devant lequel il crut voir,
avec le paysagiste Charles
Labbé, son compagnon,
le site d'Œdipe à Colorie
se reconstituer avec son
bois sacré et même son
autel figuré par un petit
marabout à coupole
basse, et, venant là se
profiler, des « dompteurs
de coursiers » à demi
nus, à qui, sur leurs
petits chevaux à mâchoi-
res nerveuses, ils trou-
vaient des airs thessa-
liens... Dans ce pays où
les rivières sont bordées
de lauriers-roses, où le
haillon du Bédouin prend
facilement la noblesse
d’un drapé, ils avaient
tous les deux la hantise
de l’antique. Continuant
de s’exercer, elle mène-
rait Charles Labbé jus-
qu’en Grèce, d’où les livrets des Salons nous montrent qu’il rapporta des
vues de Thessalie, d’Eleusis et de la vallée de Tempé ; elle se découvrirait de
plus en plus dans la série des œuvres de Fromentin, pour se manifester plei-
nement le jour où il se sentit enfin dans la main le dessin assuré de la figure.
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Jusque-là, s’il apparaît dans ses tableaux des figures dont la plastique
se ressent déjà de son goût pour l’antique, comme dans Une Rencontre du
Musée de La Rochelle, il jette sur les incertitudes de leur dessin (et sur le
- 5e PÉRI ODE. 5
G II E VA U X A 1, A B U E U V O I R
PAR EUGÈNE FROMENTIN
(Ancienne collection Georges Petit.)
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