GAZETTE DES BEAUX-ARTS
116
traverse de ce projet. Il déclara dans une lettre ouverte1 que la collection,
d'après les intentions mêmes de l’Empereur, devait rester à la France ; qu’il
fallait payer les dettes de la France en argent ; que d’ailleurs la collection
d’armes et d’armures de Pierrefonds valait infiniment plus que l’expertise,
et qu’il était prêt à la payer lui-même un million et demi si on ne voulait pas
admettre son estimation \
L’idée de dation en payement des collections lut abandonnée ; mais les
négociations traînèrent encore pendant de longues années. Enfin, en 1880,
la collection de Pierrefonds fut déclarée définitivement propriété de l’Etat.
Les pièces, qui avaient été prélevées au Musée du Louvre, lui furent restituées,
et le surplus, comprenant, comme on sait, l’épée et la dague de Mola, fut
versé au Musée d’Artillerie \ Cette paire d’armes fut alors classée et catalo-
guée parle colonel Robert sous le n° J. 129 \ Laissant de côté cette fois le
catalogue de Penguilly, et s’inspirant de la notice publiée parce dernier dans
l ouvrage de Lièvre, il data l’épée, non plus du règne de Henri II, mais de
la deuxième moitié du xvic siècle. Il eut le bon esprit d’ailleurs de ne pas
s’arrêter aux opinions fantaisistes attribuant l’épée et la dague à l’art fran-
çais ou flamand, non plus qu’à la provenance de la Belgique ou de la Mai-
son d’Orange, et il n’y a à critiquer dans sa notice que sa croyance très excu-
sable à l’ancienneté des fourreaux, et la date trop reculée.
L erreur commise par tous ceux qui ont parlé de cette épée et ont plus
ou moins vieilli sa date devait avoir encore plusieurs rééditions parmi les-
quelles il en est deux que nous ne pouvons passer sous silence ; leur impor-
tance est en elTet plus grande que toutes les précédentes.
La première est due au Nouveau Larousse illustré. Dans un article consa-
cré au style Henri II, il reproduit, parmi les objets destinés à synthétiser le
style du règne de ce monarque, une seule épée, et c’est précisément l’épée
émaillée que nous venons d’étudier0. Ce n’est plus, comme dans le cata-
logue Penguilly ou dans Y Art pour tous, une épée de l’époque de Henri II,
1. Viollet-le-Duc, Exposé des faits relatifs à la transaction passée entre le gouverne-
ment français et Vancienne liste civile. Musée des armes et musée chinois. Paris, Metzel,
3i décembre 1873.
2. Viollet-le-Duc ne s’exposait pas beaucoup. Il savait que sir Richard Wallace avait
offert lui-même deux millions de la collection de l’Empereur.
3. Le procès-verbal de réception de la collection au Musée d’Artillerie a été dressé le
18 mai 1880 par M. E. Saglio, conservateur au Louvre, pour la décharge au musée dépo-
sitaire ; le colonel Le Clerc, conservateur du Musée d’Artillerie pour la prise en charge;
et M. Bouygues, sous-inspecteur des domaines pour la remise par l’Etat qui en avait pris
possession. — Archives du Musée de l’Armée.
4. Col. Robert, Catalogue des collections composant le musée d'artillerie, tome III, p. 53.
Paris, Imprimerie Nationale, MDCCGXCI.
5. Vol. V, p. 83, fig. 17.
116
traverse de ce projet. Il déclara dans une lettre ouverte1 que la collection,
d'après les intentions mêmes de l’Empereur, devait rester à la France ; qu’il
fallait payer les dettes de la France en argent ; que d’ailleurs la collection
d’armes et d’armures de Pierrefonds valait infiniment plus que l’expertise,
et qu’il était prêt à la payer lui-même un million et demi si on ne voulait pas
admettre son estimation \
L’idée de dation en payement des collections lut abandonnée ; mais les
négociations traînèrent encore pendant de longues années. Enfin, en 1880,
la collection de Pierrefonds fut déclarée définitivement propriété de l’Etat.
Les pièces, qui avaient été prélevées au Musée du Louvre, lui furent restituées,
et le surplus, comprenant, comme on sait, l’épée et la dague de Mola, fut
versé au Musée d’Artillerie \ Cette paire d’armes fut alors classée et catalo-
guée parle colonel Robert sous le n° J. 129 \ Laissant de côté cette fois le
catalogue de Penguilly, et s’inspirant de la notice publiée parce dernier dans
l ouvrage de Lièvre, il data l’épée, non plus du règne de Henri II, mais de
la deuxième moitié du xvic siècle. Il eut le bon esprit d’ailleurs de ne pas
s’arrêter aux opinions fantaisistes attribuant l’épée et la dague à l’art fran-
çais ou flamand, non plus qu’à la provenance de la Belgique ou de la Mai-
son d’Orange, et il n’y a à critiquer dans sa notice que sa croyance très excu-
sable à l’ancienneté des fourreaux, et la date trop reculée.
L erreur commise par tous ceux qui ont parlé de cette épée et ont plus
ou moins vieilli sa date devait avoir encore plusieurs rééditions parmi les-
quelles il en est deux que nous ne pouvons passer sous silence ; leur impor-
tance est en elTet plus grande que toutes les précédentes.
La première est due au Nouveau Larousse illustré. Dans un article consa-
cré au style Henri II, il reproduit, parmi les objets destinés à synthétiser le
style du règne de ce monarque, une seule épée, et c’est précisément l’épée
émaillée que nous venons d’étudier0. Ce n’est plus, comme dans le cata-
logue Penguilly ou dans Y Art pour tous, une épée de l’époque de Henri II,
1. Viollet-le-Duc, Exposé des faits relatifs à la transaction passée entre le gouverne-
ment français et Vancienne liste civile. Musée des armes et musée chinois. Paris, Metzel,
3i décembre 1873.
2. Viollet-le-Duc ne s’exposait pas beaucoup. Il savait que sir Richard Wallace avait
offert lui-même deux millions de la collection de l’Empereur.
3. Le procès-verbal de réception de la collection au Musée d’Artillerie a été dressé le
18 mai 1880 par M. E. Saglio, conservateur au Louvre, pour la décharge au musée dépo-
sitaire ; le colonel Le Clerc, conservateur du Musée d’Artillerie pour la prise en charge;
et M. Bouygues, sous-inspecteur des domaines pour la remise par l’Etat qui en avait pris
possession. — Archives du Musée de l’Armée.
4. Col. Robert, Catalogue des collections composant le musée d'artillerie, tome III, p. 53.
Paris, Imprimerie Nationale, MDCCGXCI.
5. Vol. V, p. 83, fig. 17.