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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Nr. 2
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Buttin, Charles: Le chef-d'œvre de Gasparo Mola au Musée de l'Armée
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0131

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LE CHEF-D’ŒUVRE DE GASPARO MOLA

'7

c’est l'Epée Henri II par excellence, celle qui caractérise le plus complètement
les formes des épées de cette époque ! Et le dessin de Libonis, malheureuse-
ment trop exact, ne permet aucun doute : c’est bien le n° J. 12g du Musée
de l’Armée, exécuté, on vient de le voir, vers 1620 et en Italie. Et ici l’ou-
vrage n’est plus écrit pour le monde i-eslreint des amateurs d’armes, toujours
plus ou moins aptes à rectifier les erreurs ; il s’adresse au grand public dont
il prétend faire l’éducation archéologique et qui ne peut en général qu’accep-
ter les yeux fermés les leçons qu’on lui donne.

La seconde est plus surprenante encore, parce que nous la trouvons sous
la plume d’un auteur averti entre tous, sir Guy Francis Laking, conservateur
de la collection d’armes du roi d’Angleterre. Ayant voulu, lui aussi, parler
de l’épée émaillée dans l’ouvrage capital sur l’histoire de l’armement qui fut
le couronnement de sa carrière archéologique *. il l’a attribuée à l’Art fran-
çais, et datée du troisième quart du XVIe siècle2. Lui aussi a cru, d’après les
catalogues, à l’ancienneté des fourreaux. Il commet, d’ailleurs, une autre
erreur encore dans l’origine de l’arme qu’il dit provenir de la collection du
vicomte de Courval ; nous avons vu qu elle n’a jamais appartenu à cette col-
lection.

L’excuse de l’auteur est qu il n’a pu relire son travail qui n’a été publié
qu’après sa mort; mais, d ailleurs, son défaut capital est de ne pas contrôler
suffisamment les renseignements qu’il puise dans les catalogues officiels.

Toute erreur une fois lancée est comme une boule qui roule sur une pente :
Vires acquirit eundo. Aussi nous n’osons nous flatter que l’épée émaillée sera
désormais partout exactement classée; mais du moins, dans le 2e volume de
l’album que le Musée de l’Armée prépare en ce moment, nous aurons la
satisfaction de voir restituer à Gasparo Mola la gloire de son chef-d’œuvre.

*

* *

Nous devons en terminant adresser nos plus vifs remerciements à notre
savant confrère ès armes, le baron de Cosson, qui a attiré notre attention sur
l’identité de la paire d’armes J. 12g avec les pièces énoncées dans le testa-
ment de Mola, identité qui nous avait échappé, et qui nous a fourni par le
fait tout l’argument de cette notice.

CH. 13 U T T IN

1. Sir Guy Francis Laking, B1, A Record of European Armour and Amis through
Seven Centuries. London, G. Bell and Sons, MCMXXI.

2. Ib., ibid., vol. IV, p. 285.
 
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