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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Quant à l’esprit de nos deux compositions, il est proprement siennois ;
il rappelle certaines œuvres des Lorenzetti, et surtout les épisodes de la
légende du bienheureux Agostino Novello, peints par Lippo Memmi, le
beau-frère de Simone, dans un grand et précieux retable de l’église de Saint-
Augustin, à Sienne. Il y a là une rue, un intérieur de maison où l’on peut
admirer ce sens de l'observation familière et du détail vivant qui s’est déve-
loppé plus librement à Sienne qu’à Florence ; et la tradition s’en conserve
dans nos panneaux. Ce que l’on y pourrait noter de moins rigoureusement
siennois dans l’exécution justifierait en somme l’attribution à ce Mathieu de
Viterbe, qui travaillait à Villeneuve dès 1346, et y dirigea vraisemblable-
ment, après i356, dans la Chartreuse dite du Val de Bénédiction, le décor
peint de la chapelle où Innocent VI ht élever son tombeau.
Parmi les peintres italiens que les comptes mentionnent à la suite de
Matteo Giovanetti, nous trouvons un autre artiste de Viterbe, un Pietro, et
M. Raimond van Marie, dans son beau livre récent sur Simone Martini, a
raison d’attirer l’attention sur la primitive école viterboise, qui subit direc-
tement la vivifiante influence du noble peintre célébré par Pétrarque.
ANDRÉ PÉRATÉ
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Quant à l’esprit de nos deux compositions, il est proprement siennois ;
il rappelle certaines œuvres des Lorenzetti, et surtout les épisodes de la
légende du bienheureux Agostino Novello, peints par Lippo Memmi, le
beau-frère de Simone, dans un grand et précieux retable de l’église de Saint-
Augustin, à Sienne. Il y a là une rue, un intérieur de maison où l’on peut
admirer ce sens de l'observation familière et du détail vivant qui s’est déve-
loppé plus librement à Sienne qu’à Florence ; et la tradition s’en conserve
dans nos panneaux. Ce que l’on y pourrait noter de moins rigoureusement
siennois dans l’exécution justifierait en somme l’attribution à ce Mathieu de
Viterbe, qui travaillait à Villeneuve dès 1346, et y dirigea vraisemblable-
ment, après i356, dans la Chartreuse dite du Val de Bénédiction, le décor
peint de la chapelle où Innocent VI ht élever son tombeau.
Parmi les peintres italiens que les comptes mentionnent à la suite de
Matteo Giovanetti, nous trouvons un autre artiste de Viterbe, un Pietro, et
M. Raimond van Marie, dans son beau livre récent sur Simone Martini, a
raison d’attirer l’attention sur la primitive école viterboise, qui subit direc-
tement la vivifiante influence du noble peintre célébré par Pétrarque.
ANDRÉ PÉRATÉ