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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
moellons faicts au remplage des deux puisards qui avaient été faicts Tannée
dernière et supprimés pour l'alongeinent dudict portail » (fol. i 2). Tout le reste
du registre nous montre qu'on modifia en 1668 le plan de 1667 et tous les
renseignements fournis prouvent que le plan de 1667 était bien celui que
traça la main de François d’Orbay.
Que s’était-il donc passé ? Le Vau venait d'être chargé par Louis XIV
d agrandir Versailles ; durant les deux années qui précédèrent sa mort sur-
venue en 1670, il consacra tous ses soins au remaniement et à la décoration
de ce château. Depuis que le même architecte avait restauré les Tuileries
(1664-1667) le roi y résidait plus volontiers qu’au Louvre où travaillaient
les ouvriers. La pensée de Louis XIV semble précisément en 1668 s’être
complètement détachée du Louvre : peut-être les hésitations, les discussions
lavaient-elles lassé. Colbert continua à poursuivre le grand dessein. Les
circonstances étaient favorables à Perrault, qui put alors se substituer à
Le Vau et qui fournit le « rectificatif » exécuté en 1668.
Toutefois le projet ne fut pas adopté sans examen. Une pièce conservée
aux archives (O1 * 166g4) est intitulée: « Extrait et sommaire des avis des
architectes sur les modèles du Louvre, de l’Arc de triomphe et de l’Observa-
toire. » Or il est facile d’établir par les mémoires de Ch. Perrault et de
Cassim, par une note de Claude Perrault publiée par Clément dans la corres-
pondance de Colbert (V, 522), parles comptes des bâtiments que les modèles
de l’Arc de triomphe et de TObservatoire furent prêts en 1667; donc le
modèle du Louvre soumis aux architectes est également de cette annéc-là
ou du début de 1668. Gamard. Cotlard, Duval émirent des objections,
Thevenot lit des réserves, Chamois et Pastel approuvèrent. François Le Vau
(O1 16691) critiqua fort vivement. La colonnade fut construite suivant ce
plan en i 668.
Elle est — la remarque fut souvent faite — l’œuvre d'un décorateur bien
plutôt que d’un architecte. Un exemple le prouve ; Perrault remplaça par
des niches les fenêtres figurées au plan de 1667 et qui furent d'abord exécutées,
puisqu’on en retrouva les encadrements lors des travaux du Premier Empire1.
Il est facile de comprendre pourquoi Claude Perrault supprima les fenêtres.
Dans le plan de François d’Orbay elles correspondaient aux fenêtres ouvertes
sur la cour carrée. Lorsqu’en 1669 Perrault modifia le dessin, les colonnes
furent déplacées et celte symétrie se fut trouvée rompue, si les fenêtres
avaient subsisté. Perrault ne vit pas d autre moyen que d’aveugler les baies
et de creuser des niches au droit des entrecolonnements. La façade ne fut
1. Legrand et Landon, Description de Paris, éd. 1806, 1, [ro partie, p. 4o. —Rondelet,
Observations sur la colonnade du Louvre, in-4, 1854.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
moellons faicts au remplage des deux puisards qui avaient été faicts Tannée
dernière et supprimés pour l'alongeinent dudict portail » (fol. i 2). Tout le reste
du registre nous montre qu'on modifia en 1668 le plan de 1667 et tous les
renseignements fournis prouvent que le plan de 1667 était bien celui que
traça la main de François d’Orbay.
Que s’était-il donc passé ? Le Vau venait d'être chargé par Louis XIV
d agrandir Versailles ; durant les deux années qui précédèrent sa mort sur-
venue en 1670, il consacra tous ses soins au remaniement et à la décoration
de ce château. Depuis que le même architecte avait restauré les Tuileries
(1664-1667) le roi y résidait plus volontiers qu’au Louvre où travaillaient
les ouvriers. La pensée de Louis XIV semble précisément en 1668 s’être
complètement détachée du Louvre : peut-être les hésitations, les discussions
lavaient-elles lassé. Colbert continua à poursuivre le grand dessein. Les
circonstances étaient favorables à Perrault, qui put alors se substituer à
Le Vau et qui fournit le « rectificatif » exécuté en 1668.
Toutefois le projet ne fut pas adopté sans examen. Une pièce conservée
aux archives (O1 * 166g4) est intitulée: « Extrait et sommaire des avis des
architectes sur les modèles du Louvre, de l’Arc de triomphe et de l’Observa-
toire. » Or il est facile d’établir par les mémoires de Ch. Perrault et de
Cassim, par une note de Claude Perrault publiée par Clément dans la corres-
pondance de Colbert (V, 522), parles comptes des bâtiments que les modèles
de l’Arc de triomphe et de TObservatoire furent prêts en 1667; donc le
modèle du Louvre soumis aux architectes est également de cette annéc-là
ou du début de 1668. Gamard. Cotlard, Duval émirent des objections,
Thevenot lit des réserves, Chamois et Pastel approuvèrent. François Le Vau
(O1 16691) critiqua fort vivement. La colonnade fut construite suivant ce
plan en i 668.
Elle est — la remarque fut souvent faite — l’œuvre d'un décorateur bien
plutôt que d’un architecte. Un exemple le prouve ; Perrault remplaça par
des niches les fenêtres figurées au plan de 1667 et qui furent d'abord exécutées,
puisqu’on en retrouva les encadrements lors des travaux du Premier Empire1.
Il est facile de comprendre pourquoi Claude Perrault supprima les fenêtres.
Dans le plan de François d’Orbay elles correspondaient aux fenêtres ouvertes
sur la cour carrée. Lorsqu’en 1669 Perrault modifia le dessin, les colonnes
furent déplacées et celte symétrie se fut trouvée rompue, si les fenêtres
avaient subsisté. Perrault ne vit pas d autre moyen que d’aveugler les baies
et de creuser des niches au droit des entrecolonnements. La façade ne fut
1. Legrand et Landon, Description de Paris, éd. 1806, 1, [ro partie, p. 4o. —Rondelet,
Observations sur la colonnade du Louvre, in-4, 1854.