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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Nr. 5
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Venturi, Lionello: La critique d'art en Italie à l'époque de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0322

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans le premier de nos articles. Nous connaissons désormais la valeur cri-
tique des traités sur la peinture, écrits du commencement du xvc siècle à la
moitié du xvf, d’Alberti à Dolce. Mais pour arriver à un jugement vrai-
ment critique, il fallait, au lieu d’avoir comme but la peinture en général,
se servir des idées sur la peinture pour les mettre en rapport avec une indi-
vidualité particulière. 11 fallait faire l’histoire des artistes, comme l’a faite
Georges Vasari. Traité artistique et histoire des artistes : voilà donc les deux
points de vue qui nous donnent d’une manière complète la connaissance de
la critique d’art pendant la Renaissance.

Depuis le commencement de l’histoire de la civilisation jusqu’en i55o,
Tannée où parut la première édition des Vite, personne n’avait jamais
écrit une véritable histoire de l’art. Ce fait ne nous étonnera pas, si nous
réfléchissons que l’histoire de la poésie, ou l’histoire du droit, ou l’histoire
de la philosophie, en somme toutes les histoires des différentes activités
spirituelles, ont apparu après l’année i55o. En effet, il appartient à l’âge
moderne d’écrire ce qui nous intéresse dans l’histoire, c’est-à-dire l’évolution
des activités humaines. La Renaissance écrivit beaucoup d’histoires, toutes
dans le sens de la civilisation antique qu’elle admirait si fort, avec une seule
exception : les Vies des peintres, sculpteurs et architectes de Georges
Vasari.

La supériorité du sens historique de la Renaissance vis-à-vis de celui des
civilisations antérieures dépend de la source même de la nouvelle civilisa-
tion, qui se développait au nom de l’antique et qui devait continuellement
se comparer avec l’antique : le jugement historique sortait tout naturelle-
ment de la comparaison. Mais pourquoi la Renaissance a-t-elle préféré l’art
figuratif à toutes les autres activités humaines pour en faire l’histoire ? Voilà
ce qui est inconcevable aujourd’hui dans une époque qui est orientée vers le
progrès des sciences pratiques et qui, lorsqu’elle s’occupe d’art, préfère cer-
tainement la musique ou la poésie à la peinture ou à T architecture.

Il faut donc que nous fassions un certain effort pour comprendre le fait
que, pendant la Renaissance, le rôle de conducteur de la civilisation a été
attribué à la peinture. Et pourtant c’est la vérité.

*

* #

Vasari a eu quelques précurseurs.

Dès le xive siècle on comprit à Florence qu'avec Giotto une nouvelle ère
commençait pour l’art. Et ce fut précisément l’orgueil des Florentins qui
leur suggéra d’écrire quelques lignes sur leurs artistes pour en transmettre
la gloire. Bien plus, le sculpteur Laurent Ghiberti, qui avait l’intention de
faire un traité de peinture, sculpture et architecture, s’intéressa aux notices
 
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