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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Nr. 5
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Venturi, Lionello: La critique d'art en Italie à l'époque de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0327

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VA SARI

307

Vasari qui déplore que Giotto n’ait pas dessiné les yeux plus ronds, les
barbes et les cheveux plus flous, les mains plus noueuses. Et ce qu’on dit
de Giotto, on peut le répéter à plus forte raison de tous les artistes du pre-
mier âge.

Vasari a l’impression que le deuxième âge a abusé de l’étude de la pers-
pective. Paolo Uccello surtout, par excès d’études perspectives, aurait pris
une manière rude, un dessin lourd. En effet, Vasari ne peut comprendre
qu’un principe tel que la perspective puisse en peinture transformer la
nature, jusqu’aux conséquences les plus lointaines, pour constituer un style
artistique. C’était bien là la base de l’idéal Albertien ; mais il restait tout à
fait étranger à Vasari.

De même, en raison de son idéal perspectif, de sa cristallisation de la na-
ture, en plein accord avec Alberti, Piero délia Francesca imagine une
bataille qui n’a absolument aucun caractère psychologique de bataille. La
beauté de cette œuvre est tout entière dans la composition des surfaces planes
et dans les accents du clair-obscur. Eh bien, Vasari veut louer cette bataille,
mais il ne la voit pas dans sa réalité de peinture, il la voit à travers la concep-
tion idéale qu'il se fait de la manière de figurer une bataille. 11 dit, en effet,
que Piero délia Francesca représente puissamment la peur et le courage,
l’adresse et la force et toutes les expressions des autres sentiments dont sont
capables les combattants ! Mais il suffit de regarder la Défaite de Chosroè,
pour s’apercevoir qu’on ne pouvait pas être plus détourné que Vasari de la
réalité historique par un préjugé personnel ; jusqu’à sa vision matérielle
qui restait faussée par ses préférences idéologiques !

Quoique Vasari admire les maîtres du troisième âge, quoique il connaisse
très bien leurs idées et estime leur perfection, il ne peut pas échapper aux
contradictions et aux malentendus.

Par exemple, il ne comprend pas du tout Léonard. Il croit que ses nuances
ont de l'importance seulement pour atteindre la force du relief ; il voit la
nuance à travers le relief de Michel-Ange, et en conséquence, il perd de vue
tout le caractère pictural de l’art Léonardien. Vasari n’a pas compris non
plus le rapport unissant Léonard artiste et Léonard homme de science : il
pense, en effet, que l’effort scientifique de Léonard a été du temps perdu
pour l’artiste. Ce n’est pas que Vasari ait l’intention d’abaisser la grande
renommée de Léonard, au contraire : mais il ne sait pas ce qu il doit louer
en lui. Pour s’en convaincre, il suffira de lire la description que Vasari donne
de la Joconde : « Il n’est pas possible d’imiter la nature plus parfaitement,
ni d’arriver par la subtilité de la peinture à la reproduction de plus petits
détails. Les cils, par exemple, ne peuvent pas être plus naturels, parce qu’on
les voit naître hors de la chair, en se tournant selon les pores de la chair,
 
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