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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Sur cette influence orientale particulière, une analyse méthodique nous
permet donc de formuler des conclusions. Les caractères coufiques pénètrent
dans la peinture toscane avant la fin du xni siècle, par l’exemple des tissus
importés, et il y a d’abord tendance à une affection plus marquée pour ce
décor dans l'école siennoise. Une recrudescence se produit, spécialement
peut-être à Florence, au commencement du xvc siècle. Par conséquent, les
causes de cette influence persistent et tendent même à s’accroître à cette
époque, c’est-à-dire que les importations d’objets d’usage, et notamment
d’étoffes à décors coufiques (surtout sans doute des écharpes, comme on en
peut voir des exemples chez les peintres) augmentent. 11 ne s’agit pas de la
force acquise une fois pour toutes par une tradition décorative de provenance
musulmane, qui aurait pu s’introduire, par exemple, par des miniatures ou
des spécimens de décoration venus de Sicile ou de l’Italie méridionale. En
pareil cas, en effet, le même phénomène se retrouverait plus abondamment
dans un pays où l’influence arabe est encore plus constante, c’est-à-dire
dans la peinture espagnole, — ce qui ne se vérifie pas.
En outre, une telle influence irait en décroissant, et non en s’affirmant,
comme nous l’avons vu, à travers le xvc siècle. Il y a donc ici dans la pein-
ture toscane autre chose qu’un fait d’ordre européen, il y a conditions parti-
culières et effet particulier.
Ce n’est qu’au moment où cette influence s’altère, vers le milieu du
xve siècle, qu’elle va retrouver les manifestations que l’on peut observer dans
le reste de l’Europe occidentale : mais il y a toute une première période dont
l’importance ne se révèle qu’en Toscane.
Dans les vingt dernières années du xvc siècle, les types originels se déna-
turent à nouveau, bien que l’inspiration en demeure sensible, et nous avons
vu que ces nouvelles formes décoratives se prolongent au xvic siècle.
GUSTAVE SOULIER
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Sur cette influence orientale particulière, une analyse méthodique nous
permet donc de formuler des conclusions. Les caractères coufiques pénètrent
dans la peinture toscane avant la fin du xni siècle, par l’exemple des tissus
importés, et il y a d’abord tendance à une affection plus marquée pour ce
décor dans l'école siennoise. Une recrudescence se produit, spécialement
peut-être à Florence, au commencement du xvc siècle. Par conséquent, les
causes de cette influence persistent et tendent même à s’accroître à cette
époque, c’est-à-dire que les importations d’objets d’usage, et notamment
d’étoffes à décors coufiques (surtout sans doute des écharpes, comme on en
peut voir des exemples chez les peintres) augmentent. 11 ne s’agit pas de la
force acquise une fois pour toutes par une tradition décorative de provenance
musulmane, qui aurait pu s’introduire, par exemple, par des miniatures ou
des spécimens de décoration venus de Sicile ou de l’Italie méridionale. En
pareil cas, en effet, le même phénomène se retrouverait plus abondamment
dans un pays où l’influence arabe est encore plus constante, c’est-à-dire
dans la peinture espagnole, — ce qui ne se vérifie pas.
En outre, une telle influence irait en décroissant, et non en s’affirmant,
comme nous l’avons vu, à travers le xvc siècle. Il y a donc ici dans la pein-
ture toscane autre chose qu’un fait d’ordre européen, il y a conditions parti-
culières et effet particulier.
Ce n’est qu’au moment où cette influence s’altère, vers le milieu du
xve siècle, qu’elle va retrouver les manifestations que l’on peut observer dans
le reste de l’Europe occidentale : mais il y a toute une première période dont
l’importance ne se révèle qu’en Toscane.
Dans les vingt dernières années du xvc siècle, les types originels se déna-
turent à nouveau, bien que l’inspiration en demeure sensible, et nous avons
vu que ces nouvelles formes décoratives se prolongent au xvic siècle.
GUSTAVE SOULIER