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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 10.1924

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Nr. 1
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Réau, Louis: Houdon sous la Révolution et l'Empire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24944#0072

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6o

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Houdon vécut jusqu’en 1828, mais son œuvre véritable finit avec le siècle ;
les années qui lui restèrent à vivre après la Révolution ne comptent plus
pour lui. »

En réalité la carrière et l’œuvre d’Houdon se prolongent bien au delà de
la Révolution. Il a vécu très vieux, jusqu’à l’âge de 87 ans. Né sous Louis XV
en 1741, il s’en faut seulement de deux ans qu’il n’ait vu la Révolution de
i83o et l’avènement de Louis-Philippe; on peut dire de lui, comme du
peintre Prudhon, qu'il enjambe les deux siècles. A vrai dire il a cessé
d’exposer à partir du Salon de 181 4 et la dernière commande qu’il ait reçue
date de 1816. Nous devons donc défalquer de sa carrière artistique les
douze ou quinze dernières années de sa longue vie. Mais il reste encore un
bon quart de siècle — l’ère de la Révolution et de l’Empire — pendant
lequel il n’a cessé de produire des œuvres dont quelques-unes sont des
chefs-d’œuvre..

Certes nous n’irons pas jusqu’à prétendre — ce serait compromettre par
une réaction excessive une thèse qui n’a pas besoin d exagérations pour se
défendre — que les œuvres produites par Houdon entre 1789 et 1815 égalent
dans l’ensemble celles qu’il a créées dans sa période de pleine maturité entre
176g, date de son premier Salon1, et 1789. La Diane de l’Ermitage, le Vol-
taire assis de la Comédie Française marquent bien le sommet de son art.
Mais, ceci dit, il ne faut pas oublier que lorsqu’éclata la Révolution, Hou-
don n’avait en somme que 48 ans : ce n’était donc pas un vieillard. Est-il
raisonnable de supposer a priori que cet homme plein de sève et débordant
de force créatrice n’a mené pendant la seconde moitié de sa vie qu une exis-
tence végétative? Et pour peu qu’on ait étudié les pièces du procès, est-il
juste de décréter, conformément à l’opinion générale, que les vingt-cinq
dernières de sa production doivent être considérées comme nulles et non
avenues?

L’examen attentif et impartial de l’œuvre post-révolutionnaire de Houdon
nous amène à des conclusions très différentes.

*

* *

Consultons la collection des livrets des Salons depuis 1789 jusqu en
1816 : ces documents officiels nous apportent la preuve irréfutable que la
productivité de Houdon se soutient sans faiblir jusqu’à la fin du règne de
Napoléon.

Au Salon de 1791, il expose, outre une figure de bronze représentant la
Frileuse onze bustes tant en marbre qu’en terre cuite, plâtre et bronze parmi

1. L. Réau, Le premier Salon de Houdon. Gazelle des Beaux-Arts, iga3.
 
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