Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 10.1924)

LE SALON D’AUTOMNE

Les règles classiques de la drama-
turgie ne sont pas observées au Salon
d’Automne ; on enseignait jadis que le
premier acte devait préparer l’action,
les suivants nouer l’intrigue et provo-
quer la crise que résolvait le dernier.
Lorsqu’on pénètre dans le hall du
Grand-Palais, on aperçoit des bou-
tiques anguleuses qui entament aussi-
tôt les préjugés des visiteurs domini-
caux. Puis ils rencontrent une statue
dont les rotondités piriformes s'opposent
aux arêtes aiguës de maisons cubiques.
Ils gravissent l’escalier : leur cœur, que
fait battre l’ascension et le désir craintif
de visions insolites, s apaise soudain;
dans les salles de peinture leur étonne-
ment disparaît. Pour peu qu’ils aient
visité les précédentes expositions, ils
constatent que le Salon d’Automne
s’embourgeoise. M. Van Dongen fait
briller les bottines aussi bien que
M. Boldini et il peint des diplomates chamarrés, dont la seule excuse est
d’être nègres. Tel qui rugissait hier miaule aujourd’hui : les fauves se civi-
lisent. On avait affirmé à ces curieux que le Grand-Palais était en novembre
le repaire des peintres hermétiques. En cherchant bien, ils trouvent encore,
au fond d une salle, deux panneaux où l’on croit deviner l’instrument du

X. - 5e PÉRIODE. 43

JEUNE FILLE
BUS LE EN PIERRE
PAK M. RAOUL LAMOURDEDIEU