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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
F. -<Ra-‘af.l.
PORTRAIT DE J.-F. RAFFAELLI
DESSIN DE WILLETTE
paru dans la Revue illustrée en 1888
J.-K. Huysmans écrivit aussi sur lui des articles qu'il publia plus tard
dans son volume de Y Art moderne : « Depuis les frères Lenain, — disait-il, —
ces grands artistes qui devaient tenirunc si haute place dans l'art de la France,
personne ne s’était véritablement fait le peintre des misérables hcres des villes ;
personne n’avait osé les ins-
taller dans les sites où ils
vivent et qui sont forcément
appropriés à leurs dénûments
et à leurs besoins... » et il
ajoutait fort judicieusement
cette prévision déjà véri-
fiée, et que l'avenir vérifiera
davantage : « Je ne crains
pas de m’avancer en décla-
rant que, parmi l'immense
tourbe des exposants de notre
époque, Raflaëlli est un des
rares qui restera ; il occupera
une place à part dans l’art du
siècle, celle d’une sorte de
Millet parisien, celle d'un
artiste imprégné de certaines
mélancolies d'humanité et de
nature demeurées rebelles,
jusqu’à ce jour, à tous les
peintres. »
En 1881, à la 6e exposition
de peinture du groupe, Raf-
faëlli expose avec Mary Cas-
satt, Degas, Forain, Gau-
guin, Guillaumin, Berllie
Morizot, Pissarro, Rouart,
Tillot, Eui
Zandomeneghi.
Vidal,
II
Vignon,
n a
pas
moins de 3^ tableaux, un ensemble qui le révèle pleinement comme le vision-
naire d’une humanité encore inconnue. Des œuvres de cette exposition sont
restées fameuses, sont inscrites dans l'histoire de l’art : les Déclassés, deux
types inquiétants, velus de noir, échoués dans un cabaret de banlieue ; ils ont
les mains fines, les bras maigres sur lesquels flottent les manches de leurs
redingotes noires élimées, les yeux chargés de sang, leur misère prête à tout
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
F. -<Ra-‘af.l.
PORTRAIT DE J.-F. RAFFAELLI
DESSIN DE WILLETTE
paru dans la Revue illustrée en 1888
J.-K. Huysmans écrivit aussi sur lui des articles qu'il publia plus tard
dans son volume de Y Art moderne : « Depuis les frères Lenain, — disait-il, —
ces grands artistes qui devaient tenirunc si haute place dans l'art de la France,
personne ne s’était véritablement fait le peintre des misérables hcres des villes ;
personne n’avait osé les ins-
taller dans les sites où ils
vivent et qui sont forcément
appropriés à leurs dénûments
et à leurs besoins... » et il
ajoutait fort judicieusement
cette prévision déjà véri-
fiée, et que l'avenir vérifiera
davantage : « Je ne crains
pas de m’avancer en décla-
rant que, parmi l'immense
tourbe des exposants de notre
époque, Raflaëlli est un des
rares qui restera ; il occupera
une place à part dans l’art du
siècle, celle d’une sorte de
Millet parisien, celle d'un
artiste imprégné de certaines
mélancolies d'humanité et de
nature demeurées rebelles,
jusqu’à ce jour, à tous les
peintres. »
En 1881, à la 6e exposition
de peinture du groupe, Raf-
faëlli expose avec Mary Cas-
satt, Degas, Forain, Gau-
guin, Guillaumin, Berllie
Morizot, Pissarro, Rouart,
Tillot, Eui
Zandomeneghi.
Vidal,
II
Vignon,
n a
pas
moins de 3^ tableaux, un ensemble qui le révèle pleinement comme le vision-
naire d’une humanité encore inconnue. Des œuvres de cette exposition sont
restées fameuses, sont inscrites dans l'histoire de l’art : les Déclassés, deux
types inquiétants, velus de noir, échoués dans un cabaret de banlieue ; ils ont
les mains fines, les bras maigres sur lesquels flottent les manches de leurs
redingotes noires élimées, les yeux chargés de sang, leur misère prête à tout