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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 10.1924

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Nr. 2
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Geffroy, Gustave: Jean-François Raffaëlli (1850 - 1924)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24944#0200

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j8o

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

méthodique, les traits obstinément tendus vers la corde à boyaux, ses mains
d’ouvrier maniant avec précaution le fragile instrument. Pour les deux
fillettes, debout auprès du maître, elles ont une grâce et un jaillissement de
fleurs, toutes flexibles, vermeilles et duvetées. L’une est châtaine, l’autre est
rousse. La première est en robe rose à pois bleus, en tablier bleu, en bas bleus,
la seconde est en blouse noire et en bas noirs. Elles attendent, toutes droites
dans leurs sarraux d’écolières, un peu en victimes innocentes. C’est la gen-
tillesse de l’adolescence, l’éveil naïf de petites têtes rondes, la longueur des
jambes un peu hésitantes, l’embarras des bras et des mains collés au corps.

Après, et même pendant cette période de vie casanière où tout de ses alen-
tours fut exprimé par lui, Raflaëlli connut l’existence du peintre voyageur. Ses
vacances d’été furent fructueuses. Il suffit de rappeler le tableau peint à
Plougasnou, la Famille de Jean-le-Boiteux (exposée au salon de 1877), toute
la vieille Bretagne du Finistère avec quelques personnages où l'humble con-
dition se marquait de vie grandiose, de style fait de simple réalité, un siècle
de labeur, de pensée obscure, de vie douce, résignée, admirable, marqué aux
traits du vieillard au chapeau noir, de la vieille à la coiffe blanche présentant
ses mains comme des témoignages, et la continuation de l’existence avec le
jeune homme, la jeune femme, la petite fille... Plus tard, la série de paysages
animés de vie humaine peints à Honfleur et au Tréport. Sur la vie de Ilonfleur,
Raflaëlli a écrit quelques pages curieuses où il confronte sa sensation d'artiste
avec la réalité. Plus tard encore, et plus loin, c’est Jersey, la mer, la plage,
des marins bleus, des soldats rouges, des femmes, des fillettes, des enfants,
la vie anglaise observée aux îles normandes.

Cette première partie de la vie d’artiste de Raflaëlli fut résumée par
l’exposition qu’il fit dans une boutique qu’il loua au 28 bis de l’avenue de
l’Opéra, et qui rassemblait des « Portraits-types de gens du bas peuple », des
études d animaux, des scènes traitées en pantomimes, des paysages des bords
de la mer, une décoration mobile de salle à manger, des portraits-types de
petits bourgeois, une série sur Honfleur, des scènes de mœurs, des marines, des
portraits de Mme Raflaëlli et de M"e Germaine Raflaëlli, les études pour la Réunion
électorale, des caractères de la banlieue, des vues de Paris, des eaux-fortes et
des dessins parmi lesquels l’illustration des Croquis parisiens de J.-K. Huys-
mans, des sculptures. Ce n’était pas tout: le catalogue de l’exposition était
suivi d’un écrit du peintre intitulé : Etude des mouvements de l’art moderne
et du beau caractériste. Raflaëlli créait une école dont il était à la fois le fon-
dateur et le seul adepte, et il annonçait ainsi ses intentions et la signification
de son manifeste : « Ce qui suit est le quatrième chapitre d’un livre de Philo-
sophie de l’art moderne que je ferai paraître prochainement... Je crois qu’au
milieu de la révolution considérable que nous traversons, il est bon que cha-
 
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