Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 10.1924

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Gillet, Louis: À propos de l'exposition Maurice Denis
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24944#0221

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
A PROPOS DE L’EXPOSITION MAURICE DENIS

201

eaux mortes ou des miroirs ternis, des figures souples, languissantes, d'une
longueur exagérée, des fantômes effacés comme ceux des tapisseries. Nuances
éteintes, crépusculaires, teintes plates, sans saillie, tenues dans une grisaille
mauve, gestes lents, indécis, harmonies raffinées, d une délicate mièvrerie:
tout cela rappelle à merveille ces subtilités découragées, ces gracieuses neu-
rasthénies qui furent le fin du fin au temps des décadents, les romances de
Verlaine, les mélodies de Fauré, les liquides arpèges de Debussy. On
voyait dans ces œuvres charmantes un garçon beaucoup mieux poi’tant
qu'il ne le croyait, nullement atteint du mal du siècle, mais ayant la vul-

Cl. Librairie de France.

LES MOINES DE BEURON

garité en horreur, et déjà décidé à faire de l'art autre chose que la copie
des faits, — une musique et une poésie.

Mais un double événement devait arracher le jeune nabi aux curiosités de
cénacle et déterminer sa carrière. Il vit 1 Italie de bonne heure et passa à
Fiesole sa première année de mariage. Ce furent des noces avec la grande
nature et la grande tradition. M. Maurice Denis appartient à cette race de
peintres de chez nous qui, de Poussin à Corot, trouvèrent sur le sol de la
mère latine leur patrie véritable et la forme de leurs idées. A divers inter-
valles, il devait retourner en Italie et, parles seules études qu'il en a rapportées,
on pourrait illustrer les étapes de son art et écrire l’histoire de son voyage
vers la beauté. Il vit Rome, et il n’a rien fait à mon gré de plus parfait que
 
Annotationen