(Genève. )
on voil qu'il y a tout de même une hiérarchie des sujets, et que rien n’est plus
faux en art que la théorie de l'insignifiance ou de l'indifférence des idées.
En d autres termes, la peinture s’anémiait faute de vie morale : c’est cette
vie spirituelle dont le jeune homme avait eu le pressentiment précoce, et
qu’il voyait ruisseler maintenant avec ravissement aux tableaux d autels et
aux longues « histoires » peintes 23a1' les vieux maîtres sur les murs des
églises. 11 lui sembla que l’art n'avait qu’à perdre à se séparer d'un texte, à
divorcer d'avec la pensée. Chose curieuse ! Depuis Delacroix, qui illustrait
Shakespeare, Dante, Goethe, Byron, aucun grand peintre n avait jilus illustré
un livre : hormis quelques spécialistes, dont le dernier fut Gustave Doré, la
A PROPOS DE L’EXPOSITION MAURICE DENIS ao3
qui subsistait encore de la peinture d'histoire. Mais il est bien facile de voir
que la peinture, quoi qu elle fasse, n’a jamais trouvé le moyen de se passer
de sujets, ou du moins de motifs : une nature morte en est un, aussi bien
que le corps d'une Vénus ou d'une Vierge. Et si, aux éléments jjlastiques, ce
motif ajoute la ressource d'éléments poétiques ; si le pittoresque proprement
dit comporte en outre l'expression de certains rapports humains, émotion,
tendresse, couqiassion, piété, amour; si le Bœuf écorché de Rembrandt est
quelque chose de moins que son Bon Samaritain ou ses Pèlerins d’Emmaüs,
Cl. Librairie de France
DÉCORATION DE l’ÉGLISE SAINT-PAUL
on voil qu'il y a tout de même une hiérarchie des sujets, et que rien n’est plus
faux en art que la théorie de l'insignifiance ou de l'indifférence des idées.
En d autres termes, la peinture s’anémiait faute de vie morale : c’est cette
vie spirituelle dont le jeune homme avait eu le pressentiment précoce, et
qu’il voyait ruisseler maintenant avec ravissement aux tableaux d autels et
aux longues « histoires » peintes 23a1' les vieux maîtres sur les murs des
églises. 11 lui sembla que l’art n'avait qu’à perdre à se séparer d'un texte, à
divorcer d'avec la pensée. Chose curieuse ! Depuis Delacroix, qui illustrait
Shakespeare, Dante, Goethe, Byron, aucun grand peintre n avait jilus illustré
un livre : hormis quelques spécialistes, dont le dernier fut Gustave Doré, la
A PROPOS DE L’EXPOSITION MAURICE DENIS ao3
qui subsistait encore de la peinture d'histoire. Mais il est bien facile de voir
que la peinture, quoi qu elle fasse, n’a jamais trouvé le moyen de se passer
de sujets, ou du moins de motifs : une nature morte en est un, aussi bien
que le corps d'une Vénus ou d'une Vierge. Et si, aux éléments jjlastiques, ce
motif ajoute la ressource d'éléments poétiques ; si le pittoresque proprement
dit comporte en outre l'expression de certains rapports humains, émotion,
tendresse, couqiassion, piété, amour; si le Bœuf écorché de Rembrandt est
quelque chose de moins que son Bon Samaritain ou ses Pèlerins d’Emmaüs,
Cl. Librairie de France
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