GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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sionnelles avec Rembrandt, tout porte à croire à son intervention personnelle, comme
ami et protecteur des beaux-arts, estimant à leur vraie valeur les collections de
Rembrandt et désireux d’assurer le succès de la vente.
Et c’est ainsi que parurent vers la fin de septembre 1658, les affiches dont un
exemplaire a été découvert par M. F. Lugt au commencement de 1920, au Rritish
Muséum, où le document semblait avoir été oublié depuis 1846. Nous en connais-
sions d’ailleurs le contenu grâce à l’exemplaire que possédait Christiaan Josi, gra-
veur et antiquaire d’Amsterdam (7765-1828) qui, en 1810, résolut de vendre aux
enchères dans son domicile, une importante collection d’eaux-fortes de Rembrandt,
provenant de la succession Cornelis Ploos van Amstel (1726-1798) qui l’avait
achetée à Valerius lloever de Delft (1686-1739). Cette collection avait été formée
par Me Willem Six (1662-1733). La vente aux enchères ne fut pas effectuée, car
la collection entière fut vendue de gré à gré à Heneage Finch, comte d’Aylesford
(1786-1859). Vers 18Zi6, cette collection fut acquise en grande partie par le Brilish
Muséum, en même temps que le catalogue manuscrit de Josi, dans lequel est collé
l’original de l’affiche qui concerne la vente aux enchères des collections de Rem-
brandt (Voir : F. Lugt, Marques des Collections 1921, Earl of Aylesford n° 53,
Josi n° 573).
Comme on peut le constater, Josi s’en est scrupuleusement tenu au texte dans la
préface du catalogue édité auparavant (Urk. 197); il est pourtant dommage que
l’affiche originale qu’on a retrouvée ne mentionne ni l’année ni la date de cette
vente. Il est probable qu’on avait indiqué, au-dessus des panneaux, les ventes
aux enchères qui devaient avoir lieu à jours fixes, de sorte qu’il n’était pas néces-
saire de les reproduire sur les affiches, ce qui permettait, en cas de besoin, d’ap-
porter quelques modifications très facilement et à peu de frais, dans l’ordre des
vacations.
Quelques catalogues ont dû avoir été distribués au moment de la vente publique.
En janvier 165g, il fut même prescrit dans l’Ordonnance de la Corporation de Saint-
Luc, que des catalogues numérotés devaient être remis aux autorités de la corpora-
tion, et que l’employé de cette même corporation avait seul le droit d’en distribuer
des exemplaires aux particuliers ou aux membres de Saint-Luc.
Malheureusement, aucun exemplaire ne nous est parvenu, de sorte que nous
n’avons pu nous former qu’une très faible idée de ce qui a pu être mis en vente, vu
qu’il faut nous en tenir à l’inventaire sommaire des biens de Rembrandt dressé en
juillet i656 par le secrétaire de la Boedelskamer.
Le plus violent coup qui pût être porté à Rembrandt en sa qualité d’artiste, ce
fut sans aucun doute l’obligation de se défaire de ses collections artistiques. Son
caractère hautain en fut profondément affligé et nous en trouvons une preuve évi-
dente dans sa rare et remarquable eau-forte Le Phénix de 1658 (Bartsch, n° 110),
dont un exemplaire est exposé à la Fondation Rembrandt-Huis et qui repré-
sente un homme accablé, au-dessus de qui apparaît le Phénix qui, d’après le
poème d’Ovide, se brûlait lui-même et renaissait, rajeuni, de ses cendres. 11
est permis d’admettre que cette allégorie voulait indiquer de quelle façon la
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sionnelles avec Rembrandt, tout porte à croire à son intervention personnelle, comme
ami et protecteur des beaux-arts, estimant à leur vraie valeur les collections de
Rembrandt et désireux d’assurer le succès de la vente.
Et c’est ainsi que parurent vers la fin de septembre 1658, les affiches dont un
exemplaire a été découvert par M. F. Lugt au commencement de 1920, au Rritish
Muséum, où le document semblait avoir été oublié depuis 1846. Nous en connais-
sions d’ailleurs le contenu grâce à l’exemplaire que possédait Christiaan Josi, gra-
veur et antiquaire d’Amsterdam (7765-1828) qui, en 1810, résolut de vendre aux
enchères dans son domicile, une importante collection d’eaux-fortes de Rembrandt,
provenant de la succession Cornelis Ploos van Amstel (1726-1798) qui l’avait
achetée à Valerius lloever de Delft (1686-1739). Cette collection avait été formée
par Me Willem Six (1662-1733). La vente aux enchères ne fut pas effectuée, car
la collection entière fut vendue de gré à gré à Heneage Finch, comte d’Aylesford
(1786-1859). Vers 18Zi6, cette collection fut acquise en grande partie par le Brilish
Muséum, en même temps que le catalogue manuscrit de Josi, dans lequel est collé
l’original de l’affiche qui concerne la vente aux enchères des collections de Rem-
brandt (Voir : F. Lugt, Marques des Collections 1921, Earl of Aylesford n° 53,
Josi n° 573).
Comme on peut le constater, Josi s’en est scrupuleusement tenu au texte dans la
préface du catalogue édité auparavant (Urk. 197); il est pourtant dommage que
l’affiche originale qu’on a retrouvée ne mentionne ni l’année ni la date de cette
vente. Il est probable qu’on avait indiqué, au-dessus des panneaux, les ventes
aux enchères qui devaient avoir lieu à jours fixes, de sorte qu’il n’était pas néces-
saire de les reproduire sur les affiches, ce qui permettait, en cas de besoin, d’ap-
porter quelques modifications très facilement et à peu de frais, dans l’ordre des
vacations.
Quelques catalogues ont dû avoir été distribués au moment de la vente publique.
En janvier 165g, il fut même prescrit dans l’Ordonnance de la Corporation de Saint-
Luc, que des catalogues numérotés devaient être remis aux autorités de la corpora-
tion, et que l’employé de cette même corporation avait seul le droit d’en distribuer
des exemplaires aux particuliers ou aux membres de Saint-Luc.
Malheureusement, aucun exemplaire ne nous est parvenu, de sorte que nous
n’avons pu nous former qu’une très faible idée de ce qui a pu être mis en vente, vu
qu’il faut nous en tenir à l’inventaire sommaire des biens de Rembrandt dressé en
juillet i656 par le secrétaire de la Boedelskamer.
Le plus violent coup qui pût être porté à Rembrandt en sa qualité d’artiste, ce
fut sans aucun doute l’obligation de se défaire de ses collections artistiques. Son
caractère hautain en fut profondément affligé et nous en trouvons une preuve évi-
dente dans sa rare et remarquable eau-forte Le Phénix de 1658 (Bartsch, n° 110),
dont un exemplaire est exposé à la Fondation Rembrandt-Huis et qui repré-
sente un homme accablé, au-dessus de qui apparaît le Phénix qui, d’après le
poème d’Ovide, se brûlait lui-même et renaissait, rajeuni, de ses cendres. 11
est permis d’admettre que cette allégorie voulait indiquer de quelle façon la