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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
plis, cette plénitude dans des formes réduites à la plus linéaire simplicité.
Plusieurs de ses animaux ont un style non sans parenté avec celui de la Louve
du Vatican. A ce style qu'on pourrait appeler le style Robert appartient aussi
un marmouset gaillardement taillé en plein lingot, figure digne des inven-
tions gothiques les plus vigoureusement pittoresques.
*
# *
Depuis dix ans le maître-ferronnier vivait dans la paix chérie du pays
natal. Il réalisait son rêve d’échapper à la tyrannie des commandes, de ne
plus se hâter pour y satisfaire, de produire enfin, tranquillement, des œuvres
personnelles sur le thème de la plante ou de la bête. Cet ambitieux de per-
fectionnement plus que de richesse a pu se recueillir, approfondir les derniers
secrets de la technique, s’adonner à ce qu’on pourrait appeler sa seconde
manière, c’est-à-dire réaliser par l’étude minutieuse de la nature ces tours
de force d’animateur du fer qu’aucun de ses devanciers n’avait osé tenter.
Il revendiquait avant tout son titre d’artisan, — l’artisan, expliquait-il,
étant celui qui est capable de composer une œuvre et de l’exécuter en son
entier, de ressentir toute la joie du créateur. Aussi fut-il l’apôtre d’une
reconstitution de l apprentissage. Et ce novateur, qui connut tant de beaux
succès, déclarait volontiers que sa plus grande récompense avait été de
pouvoir réunir, dans la forge-école qu il venait de créer, vingt-cinq jeunes
gens pour leur apprendre le métier.
Homme aux grands dons et au grand cœur, il songea moins à demeurer
comme une figure de chercheur et d artiste exceptionnel qu’à communiquer
sa flamme, sa science, même sa sagesse à des générations de travailleurs, —
et cela non seulement pour la plus grande gloire de cette ferronnerie qu il
aura aimée avec tant de ferveur que pour régénérer dans nos ateliers d’art
l’esprit d initiative, les vertus de patience, l’honneur professionnel et main-
tenir ainsi le renom du génie français.
TH. HARLOR
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
plis, cette plénitude dans des formes réduites à la plus linéaire simplicité.
Plusieurs de ses animaux ont un style non sans parenté avec celui de la Louve
du Vatican. A ce style qu'on pourrait appeler le style Robert appartient aussi
un marmouset gaillardement taillé en plein lingot, figure digne des inven-
tions gothiques les plus vigoureusement pittoresques.
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Depuis dix ans le maître-ferronnier vivait dans la paix chérie du pays
natal. Il réalisait son rêve d’échapper à la tyrannie des commandes, de ne
plus se hâter pour y satisfaire, de produire enfin, tranquillement, des œuvres
personnelles sur le thème de la plante ou de la bête. Cet ambitieux de per-
fectionnement plus que de richesse a pu se recueillir, approfondir les derniers
secrets de la technique, s’adonner à ce qu’on pourrait appeler sa seconde
manière, c’est-à-dire réaliser par l’étude minutieuse de la nature ces tours
de force d’animateur du fer qu’aucun de ses devanciers n’avait osé tenter.
Il revendiquait avant tout son titre d’artisan, — l’artisan, expliquait-il,
étant celui qui est capable de composer une œuvre et de l’exécuter en son
entier, de ressentir toute la joie du créateur. Aussi fut-il l’apôtre d’une
reconstitution de l apprentissage. Et ce novateur, qui connut tant de beaux
succès, déclarait volontiers que sa plus grande récompense avait été de
pouvoir réunir, dans la forge-école qu il venait de créer, vingt-cinq jeunes
gens pour leur apprendre le métier.
Homme aux grands dons et au grand cœur, il songea moins à demeurer
comme une figure de chercheur et d artiste exceptionnel qu’à communiquer
sa flamme, sa science, même sa sagesse à des générations de travailleurs, —
et cela non seulement pour la plus grande gloire de cette ferronnerie qu il
aura aimée avec tant de ferveur que pour régénérer dans nos ateliers d’art
l’esprit d initiative, les vertus de patience, l’honneur professionnel et main-
tenir ainsi le renom du génie français.
TH. HARLOR