LES ÉPISODES DE LA PASSION
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xne siècle, mais la « broigne » de l’époque carolingienne ; leur casque sans
visière à bouton de métal est du même temps. Le casque de « Miséricorde»,
sur la face opposée, a la forme d’une calotte à deux côtes reliées par une
sorte de crête peu saillante. Les gardes de Charles le Chauve, au frontispice
de la Bible de Saint-Martin de Tours, portent dhs casques analogues1 et il
suffit de parcourir les miniatures carolingiennes pour en retrouver de nom-
breux exemples. Au con-
traire le bouclier obloag
des Vertus de Notre-
Dame-du-Port, le casque
conique, avec laventaille,
relevée jusqu’au nez, du
guerrier placé derrière
« Miséricorde », nous
reportent en plein xne siè-
cle 2. Nous avons ainsi la
preuve que le sculpteur
s’est inspiré d’un manus-
crit illustré de Prudence
exécuté au ixe ou au
Xe siècle, mais qu'il y a
ajouté des détails de son
crû, empruntés au cos-
tume militaire de son
temps. L’écu oblong du
xue siècle lui a paru plus
favorable à sa composi-
tion que le bouclier rond
qui figure sur le Prudence
de Berne du ixe siècle, et
ayant créé de toutes pièces le guerrier qui porte un diptyque ouvert, derrière
Miséricorde, il lui attribue la cotte de mailles du xne siècle avec le heaume de
forme conique. Les sculpteurs de cette époque ne se souciaient guère d’archéo-
logie et prenaient leur bien partout où ils le trouvaient.
Si nous revenons maintenant à notre chapiteau de Saint-Nectaire nous y
retrouvons le même procédé éclectique. Les armures portées par les soldats,
qui arrêtent le Christ ou qui lui font subir la Flagellation, sont des « broignes »
LUTTE DE MISÉRICORDE CONTRE AVARICE
: CHAPITEAU DE NOTRE-DAME-DU-PORT
CLERMONT-FERRAND
1. Bibliothèque Nationale, manuscrit latin n° 1, f° 425.
2. Voir l’histoire de l’armure et les faits réunis par Enlart (Manuel d’Archéo-
logie française, t. III. Le Costume, p. 47 et suiv.).
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xne siècle, mais la « broigne » de l’époque carolingienne ; leur casque sans
visière à bouton de métal est du même temps. Le casque de « Miséricorde»,
sur la face opposée, a la forme d’une calotte à deux côtes reliées par une
sorte de crête peu saillante. Les gardes de Charles le Chauve, au frontispice
de la Bible de Saint-Martin de Tours, portent dhs casques analogues1 et il
suffit de parcourir les miniatures carolingiennes pour en retrouver de nom-
breux exemples. Au con-
traire le bouclier obloag
des Vertus de Notre-
Dame-du-Port, le casque
conique, avec laventaille,
relevée jusqu’au nez, du
guerrier placé derrière
« Miséricorde », nous
reportent en plein xne siè-
cle 2. Nous avons ainsi la
preuve que le sculpteur
s’est inspiré d’un manus-
crit illustré de Prudence
exécuté au ixe ou au
Xe siècle, mais qu'il y a
ajouté des détails de son
crû, empruntés au cos-
tume militaire de son
temps. L’écu oblong du
xue siècle lui a paru plus
favorable à sa composi-
tion que le bouclier rond
qui figure sur le Prudence
de Berne du ixe siècle, et
ayant créé de toutes pièces le guerrier qui porte un diptyque ouvert, derrière
Miséricorde, il lui attribue la cotte de mailles du xne siècle avec le heaume de
forme conique. Les sculpteurs de cette époque ne se souciaient guère d’archéo-
logie et prenaient leur bien partout où ils le trouvaient.
Si nous revenons maintenant à notre chapiteau de Saint-Nectaire nous y
retrouvons le même procédé éclectique. Les armures portées par les soldats,
qui arrêtent le Christ ou qui lui font subir la Flagellation, sont des « broignes »
LUTTE DE MISÉRICORDE CONTRE AVARICE
: CHAPITEAU DE NOTRE-DAME-DU-PORT
CLERMONT-FERRAND
1. Bibliothèque Nationale, manuscrit latin n° 1, f° 425.
2. Voir l’histoire de l’armure et les faits réunis par Enlart (Manuel d’Archéo-
logie française, t. III. Le Costume, p. 47 et suiv.).